La France est-elle devenue une terre de prédilection pour accueillir des centres de recherche des géants américains du web et des nouvelles technologies ? On pourrait bien le penser avec les annonces faites coup sur coup par Facebook et Intel d'implanter sur le territoire leurs laboratoires et en faire du coup leur tête de pont R&D européenne. Alors que le géant des réseaux sociaux a misé sur Paris pour travailler avec des chercheurs dans le domaine de l'intelligence artificielle pour améliorer ses produits, le poids-lourd des processeurs, Intel, s'intéresse de son côté au big data.

C'est à Bruyères-le-Châtel dans l'Essonne (Ile-de-France), sur le campus de Teratec, réunissant un écosystème d'expertises (entreprises, laboratoires, centres de recherche...) étendu sur 13 000 m2 autour du calcul haute performance et de la simulation numérique, que la société a ainsi concentré ses forces pour créer son premier centre européen dédié au big data. Déjà fortement implanté sur ce campus depuis 2014 au sein du laboratoire de recherche collaborative qu'il partage avec le CEA et l'Université de Versailles Saint Quentin (UVSQ) dans le domaine du calcul haute performance (HPC), le fondeur a décidé cette fois de s'attaquer à un morceau de choix : le big data. La décision d'établir son centre R&D big data en France s'inscrit dans la continuité des investissements d'Intel réalisés sur le territoire depuis 5 ans. « Il s'agit d'une expansion logique pour nous d'avoir ce laboratoire de recherche big data en France à Teratec, qui est une grande communauté et peut nous donner accès à un grand nombre de clients », a indiqué Ron Kasabian, vice-président Data Center Group et General Manager Big Data Solutions chez Intel.

Une implantation saluée par Emmanuel Macron

Une décision d'implantation qui n'a d'ailleurs pas manqué de toucher au coeur Emmanuel Macron : « Ce choix confirme la place essentielle qu’Intel accorde à la France dans le rayonnement du big data et de l’analytique en Europe. La sanctuarisation du Crédit Impôt Recherche, la qualité de la formation de nos ingénieurs et de notre écosystème d’innovation ainsi que la montée en charge des 10 solutions de la nouvelle France industrielle sont autant d’atouts qui permettent à des sociétés technologiques comme Intel de faire le choix de la France en matière d’investissement et d’innovation », a ainsi indiqué le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique.

Pour Intel, l'objectif de son installation sur le campus de Teratec est de pouvoir collaborer avec les 80 entreprises technologiques et industrielles déjà présentes sur place, mais également avec des centres de recherche et des acteurs académiques dans le but de favoriser le développement et contribuer à la mise en oeuvre de solutions big data. Ce centre R&D d'Intel va orienter ses travaux autour de trois problématiques : les smart cities, le génie médical et l'agriculture connectée. Dans le détail ce centre permettra ainsi de développer des infrastructures des villes connectées pour en optimiser l'énergie mais également mieux réguler le trafic et réduire la pollution, de mettre au point des traitements thérapeutiques ciblés s'appuyant sur les technologies d'analyse des génomes. Mais aussi de favoriser l'essor de l'agriculture connectée permettant par exemple, via l'usage de capteurs, de déterminer le taux d'irrigation ou de fertilisation d'une terre. A ce titre, la société technologique CybeleTec spécialisée dans le végétal et implantée sur le campus a annoncé profiter directement de cet accord « Le partenariat entre Intel et CybeleTech doit permettre à tous les acteurs de la chaine du végétal d'accéder aux meilleures technologies numériques big data, tant matérielles que logicielles », a expliqué Christian Saguez, président de CybeleTech.

Les technologies analytique in-memory au coeur du dispositif

En termes de ressources mobilisées, le centre R&D d'Intel va reposer sur une infrastructure informatique dédiée à l'analyse in-memory, sachant qu'une équipe dédiée a d'ores et déjà été constituée avec trois personnes aux profils ciblés : développeur Hadoop, architecte de solution big data et spécialiste de l'analyse de données. Il faut savoir qu'Intel a fait de ce domaine un axe de développement clé en travaillant notamment sur des technologies d'analyse in-memory distribuée Open Source comme Spark, intégré par défaut dans la distribution Hadoop Cloudera, société dans laquelle Intel a investi 740 millions de dollars. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si depuis, la distribution Hadoop d'Intel, IDH, a été transférée chez Cloudera et que les équipes du fondeur travaillent désormais très étroitement avec ce dernier. « Nous avons près de 40 ingénieurs qui développent la distribution Hadoop IDH chez Cloudera », nous a d'ailleurs précisé Ron Kasabian.

Présent en France depuis 1974 - et comptant près de 1 000 collaborateurs dont 80% de chercheurs et d'ingénieurs -, Intel a accéléré sa présence sur le territoire depuis 2009 en ouvrant 8 centres de recherche (dont celui consacré au big data à Teratec), et en réalisant plusieurs investissements dans des start-ups françaises de premier plan à savoir Sigfox, Mobile Republic, Total Immersion et Inside Secure. Le fondeur a lancé récemment une nouvelle génération de processeurs, Xeon E7 V3, qui intégrés à des configurations serveurs dotées du plus grand nombre de coeurs dont la fréquence est poussée au maximum, permet de répondre aux besoins des utilisateurs dans le domaine des applications en calcul haute performance mais aussi du big data et de l'analytique temps réel.