Si les performances intrinsèques des processeurs semblent plafonnées ces dernières années au profit de la multiplication des cœurs et de la mémoire cache, AMD compte bien relancer la course à la puissance avec sa prochaine super-puce Zen. Cette dernière combine un CPU et un puissant GPU, alors qu’Intel ne propose que très peu de Xeon avec circuit graphique. Il s’agit principalement de Core i7 rebadgés comme le Xeon E3-1200. Pour couper l’herbe sous les pieds de son rival historique, Intel a décidé de lancer un processeur pour serveurs particulièrement affuté. Reposant toujours sur la micro-architecture Broadwell, en attendant l’arrivée de la génération Skylake mi-2017, et embarquant pas moins de 22 cœurs, le Xeon E5-2699A v4 (4935$ HT l’unité) est une évolution 5% plus rapide du Xeon E5-2699 v4. Gravé en 14 nm, l'E5-2699A v4 fonctionne à une vitesse d'horloge de 2,40 GHz (et jusqu’à 3,60 GHz en mode Turbo) et dispose de 55 Mo de cache L3. Il affiche un TPD de 145 watts.

Si 5 petit pourcent peuvent sembler négligeables dans une machine, c’est loin d’être le cas pour les entreprises qui installent des milliers de serveurs x86 en bare metal ou dans des environnements virtualisés. Un serveur quatre voies peut donc monter jusqu'à 88 cœurs et générer un gain en performances de 20%, selon le fondeur de Santa Clara. Cette puce pourrait également être utilisée dans les stations de travail avec les derniers GPU pour créer des contenus VR ou exécuter des applications d'ingénierie comme SolidWorks.

La performance remise en avant 

La commercialisation de cette puce Xeon est le signe qu’Intel prête un peu plus d’attention à la performance du processeur et pas seulement à la dissipation thermique. Faute de véritable concurrence sur le marché - ARM ne perce pas sur le segment des serveurs et les puces Risc ou Mips sont désormais cantonnées sur des micro niches - les performances des puces d’Intel ne progressent que de 10 à 20% à chaque génération grâce aux progrès accomplis avec la gravure, la RAM, le bus système et le jeu d’instructions. Mais les dirigeants d'Intel semblent décidés à augmenter la puissance de calcul de leurs puces pour exécuter des applications très exigeantes. Cela est particulièrement évident avec le processeur Xeon Phi doté de 72 cœurs (nom de code Knights Landing). Destiné à l’origine aux usages HPC, il a été modifié pour les besoins de certains clients en intelligence artificielle.

La question est aujourd’hui de savoir si la réponse d’Intel sera suffisante pour contrer les velléités retrouvées d’AMD qui annonce des performances en hausse de 40% pour son Zen par rapport à la génération précédente. Intel a toutefois déjà prévu de lancer des puces serveurs reposant sur l’architecture Skylake en 14 nm, alors que les PC sont déjà passés à Kaby Lake (14 nm+). La plate-forme serveur a toujours un train de retard, mais elle bénéficie de chipsets plus costauds et d’un jeu d’instructions enrichi pour optimiser l’exécution de certaines tâches applicatives

La concurrence investit les supercalculateurs 

Si Intel domine toujours le marché des processeurs pour serveurs avec 90% des ventes, la concurrence se réveille. Le superordinateur le plus rapide du monde, baptisé Sunway TaihuLight, repose sur une puce chinoise, alors que l’architecture ARM a été adoptée par Fujitsu pour construire l'un des superordinateurs les plus rapides au monde au Japon. Mais dans les datacenters, avec les systèmes convergés et hyperconvergés, les baies de stockage ou encore les routeurs, les contrôleurs d’Intel sont omniprésents.