Quiconque s'est aventuré sur des plateformes de jeux en ligne - comme Fortnite - sait que les messages vocaux haineux sont légions entre les gamers. Pour pacifier les échanges, Intel travaille de concert avec Spirit AI pour utiliser l'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle afin de modérer la parole des joueurs qui profitent souvent de sessions de jeux intenses pour se défouler verbalement. Spirit AI dispose déjà d'un outil machine que les développeurs peuvent utiliser pour surveiller les forums et le tchat en ligne. Intel veut aider la société à étendre cette technologie au chat vocal qui est de plus en plus utilisé sur ces plateformes de jeu. Aucune des deux sociétés n'a annoncé de date précise où elles seront capables de mettre cela en œuvre. Mais d'après la présentation à laquelle nos confrères de PCWorld ont assisté, il semble que ce ne soit pas avant des années.

Intel a présagé que la technologie pourrait être mise en œuvre dans le cloud ainsi que sur les terminaux clients (PC et mobiles) ou les plateformes de console au fil de l’eau, une fois que les algorithmes prêts. Il appartiendrait donc à chaque développeur de jeux d'utiliser ou non cette technologie. Mais les responsables d'Intel ont reconnu l'extrême difficulté de ce noble objectif. Le tchat vocal dans le jeu est une sorte de soupe audio qui comprend des effets, de la musique et plusieurs personnes parlant simultanément. Ajoutez à cela une qualité sonore médiocre, et cela semble être une mission impossible que de modérer tout cela.

Pour l'instant, Intel et Spirit AI n'en sont qu'à tenter de réussir à détecter des réflexions haineuses dans une conversation orale. Une telle technologie ne sera vraisemblablement pas disponible avant des années. (Crédit : IDG)

Signaler une conversation plutôt que de la censurer en direct

Et ces contraintes techniques ne tiennent même pas compte des préoccupations au cœur de la démarche du fondeur, à savoir déterminer dans quelle mesure les conversations contiennent un langage haineux ou abusif. Et quant à savoir si de tels outils dépassent les limites de la liberté de parole… Intel a fait remarquer que ces décisions seraient laissées à la discrétion du développeur. Nombreux sont ceux qui reconnaissent qu'une modération trop serrée peut entraîner des réactions défavorables. Toutefois, comme la plupart des jeux se jouent sur des plateformes privées et non sur des forums publics ouverts, les attentes en matière de vie privée ou de liberté d'expression ne s'appliqueraient pas en grande partie.

Alors que la technologie pourrait un jour atteindre une capacité lui permettant de déterminer en temps réel si quelqu'un doit être mis en sourdine parce qu’il insulte trop d'autres joueurs ou qu’il joue les porte-étendards pour des marques, Intel voudrait plutôt que l'interaction humaine prime dans les signalements. Par exemple, plutôt qu’un bip en temps réel pour couvrir les propos fleuris d'un joueur, la conversation pourrait être enregistrée et signalée pour examen par une personne qui déciderait finalement si le marteau de bannissement doit tomber. Les plateformes où les joueurs sont majoritairement des enfants pourraient également être surveillées. Quoi qu'il en soit, c'est une idée intrigante qui pourrait rendre le jeu et le tchat moins menaçants… ou moins amusants ?