Mieux vaut tard que jamais. C'est vraisemblablement avec un soupir de soulagement que les membres de l'alliance Itanium ont accueilli hier le lancement officiel de la première version bi-coeur du processeur Itanium, l'Itanium 2 "Montecito". Cette nouvelle mouture de la puce pour serveurs haut de gamme d'Intel arrive en effet avec près de neuf mois de retard sur les prévisions du fondeur, un retard inhabituel pour Intel, mais qui n'est pas forcément rare dans l'univers des puces haut de gamme, comme l'ont montré par le passé les ratés d'HP, IBM et Sun avec leurs puces RISC. Le problème est qu'à l'heure où nombre d'utilisateurs s'interrogent sur les architectures de leurs Datacenters du futur, ce retard faisait mauvaise impression, d'autant que la puce Itanium n'a jusqu'alors séduit qu'un public très restreint, si l'on excepte naturellement les clients "naturels" d'HP. L'intérêt de l'Itanium 2 est qu'il apporte un regain de performances bienvenu. En combinant des technologies comme le bi-coeur et l'Hyperthreading et grâce à un nouvel accroissement de la mémoire cache interne (jusqu'à 24 Mo pour les puces haut de gamme), Montecito affiche des performances près de deux fois supérieures à celles des puces Itanium 2 actuelles ("Madison"), le tout couplé à une réduction de près de 20% de la consommation électrique. Chaque puce consomme ainsi 104 W contre les 130 W actuels. Au total, Intel devrait proposer en haut de gamme trois déclinaison de sa puce à 1,6 GHz avec 24 Mo de mémoire cache (Itanium 2 9050) pour 3692$, 18 Mo de mémoire cache (Itanium 2 9040) pour 1980$ et 8 Mo de mémoire cache (Itanium 2 9030) pour 1522$. Deux autres moutures seront également proposées. La première, l'Itanium 2 9020, est cadencée à 1,42 GHz et supporte comme les versions haut de gamme le bus système à 533 MHz. Elle embarque 12 Mo de cache et est vendue au prix de 910$. L'itanium 2 9010 est quant à lui cadencé à 1,4 GHz, mais ne supporte que l'ancien bus à 400 MHz. Avec 12 Mo de cache il est proposé au prix de 749$. Les nouveaux processeurs devraient tout particulièrement intéresser les clients d'HP, qui a récemment lancé de nouveaux serveurs prévus pour le Montecito, mais sans la puce phare d'Intel du fait de son retard. HP devrait intégrer Montecito dans ses serveurs Integrity au courant du mois de Septembre ce qui devrait lui permettre d'afficher de nouveaux records de performances. Le géant californien, qui représente 90% des ventes de serveurs Itanium devrait être imité par son allié Japonais NEC. NEC dispose au Japon d'une gamme complète de serveurs Itanium (la firme a d'ailleurs par le passé conçu certains serveurs Itanium en OEM pour HP) et elle commercialise également en Europe une partie de ses gammes sous la marque Express 5800 (NX7700i au Japon). Elle propose aussi des systèmes Itanium 2 conçus pour le monde du HPC, les TX-7. Ces systèmes fonctionnent sous Windows, Linux et HP-UX 11i v2.0 (NEC dispose d'une licence HP-UX dans le cadre d'une alliance avec HP). D'autres constructeurs devraient aussi se joindre à la bataille, comme Fujitsu (PrimeQuest 5000), Bull (NovaScale), Hitachi, Unisys et SGI (Altix 4700 et Altix 450). Tous ces constructeurs espèrent gagner du terrain sur les architectures Risc existantes et particulièrement celles de Sun et IBM, qui vient de connaître un trou d'air avec un recul de 10% de ses ventes Unix au dernier trimestre. Mais la partie est loin d'être jouée. Sun doit en effet présenter en octobre ses nouveaux serveurs UltraSparc conçu en partenariat avec Fujitsu (gamme APL) autour de nouvelles puces Sparc multi-coeurs. Big Blue, quant à lui, doit doper sa gamme au Power4+ pour riposter à l'offensive Itanium. Autant dire que la rentrée devrait être intéressante du côté des grands serveurs d'entreprises.