Un mois après avoir racheté le spécialiste du deep learning Nervana, Intel s’accapare un autre acteur majeur du secteur, Movidius, figure reconnue sur les technologies de Machine Vision mises en œuvre dans les applications avancées d’analyse d’images. Originellement créée à Dublin, en 2005, par Sean Mitchell et David Moloney, la société Movidius est désormais basée à San Mateo, dans la Silicon Valley. Elle s'est donnée pour objectif d'apporter aux machines la capacité de voir, décrit son CEO, le Français Remi El-Ouazzane. « Au sein d’Intel, nous resterons concentrés sur ce but, mais avec la technologie et les ressources pour innover plus vite et déployer à grande échelle », commente-t-il dans un billet. Intel explique de son côté que cette acquisition lui permettra d’accélérer sa stratégie autour de sa plateforme RealSense. Cette dernière réunit une caméra HD 1080p, une caméra infrarouge et un projecteur laser infrarouge pour percevoir les mouvements et la profondeur afin de voir comme l’œil humain le ferait.

En combinant ses technologies avec celles de Movidius pour les nouveaux types d’équipements (drones, robots, casques de réalité virtuelle, etc.), Intel veut se positionner aux tout premiers rangs des solutions de vision informatisée et de deep learning, « depuis le terminal jusqu’au cloud », indique Josh Walden, DG de la division New Technology d’Intel. Il rappelle que son groupe a déjà réalisé plusieurs acquisitions dans l’apprentissage machine, le deep learning et l’informatique cognitive pour bâtir une suite de capacités débouchant sur des applications d’un nouveau type. « Lorsqu’un équipement est capable de comprendre son environnement et de réagir en conséquence, on peut imaginer des applications sans précédent », souligne Josh Walden. Cela va de la reconnaissance d’objets à la compréhension de scènes, de l’authentification au tracking et à la navigation. Pour équiper les 50 milliards d’objets connectés que les analystes prévoient pour 2020, « nous reconnaissons que des SoC (system on a chip) spécifiques seront prépondérants pour apporter (à ces équipements) des capacités proches de la vision humaine », expose le DG de New Technology Group. D’où le rachat de Movidius qui apporte ses plateformes SoC pour accélérer les applications avancées d’analyse d’images. Sa plateforme VPU (Vision Processor Unit) basse consommation Myriad 2 permet aux développeurs de s’appuyer sur ses capacités de traitement de la vision pour concevoir des programmes spécifiques.

Des machines autonomes qui voient en 3D et comprennent leur environnement

Avec Movidius, Intel récupère aussi des algorithmes (conçus pour être exploités sur Myriad 2) pour le deep learning, le traitement en profondeur, la navigation, la cartographie et les interactions naturelles, de même qu’une expertise étendue sur les technologies de vision embarquées et de Machine Intelligence, pointe Josh Walden. « La technologie de Movidius optimise, améliore et concrétise les capacités de RealSense […] Ses SoC seront utilisés dans des domaines où l’espace réduit, la dissipation de chaleur et la consommation d’énergie sont des facteurs clés. » Intel les mettra à profit dans la réalité augmentée et virtuelle et dans des applications qui les combinent. Sur sa conférence IDF16, en août, la firme dirigée par Brian Krzanich a notamment annoncé son Projet Alloy, un casque sans fil équipé de deux caméras RealSense pour associer réalité virtuelle et augmentée. Le CEO avait également présenté le projet Euclid, un PC exploitant RealSense et des capteurs de mouvements pour piloter des robots.

Avec Myriad 2, Movidius apporte une architecture de traitement et une plateforme de développement.

Movidius estime que sa plateforme VPU (Vision Processing Unit) Myriad 2 pour le traitement de la vision embarquée utilisée avec RealSense permettra d’équiper des machines autonomes qui voient en 3D, comprendre leur environnement et se déplace en conséquence. « Aujourd’hui, nous travaillons avec des clients comme DJI, FLIR, Google et Lenovo pour donner la vue aux objets connectés incluant les drones, les caméras de sécurité, les casques AR/VR et autres », rappelle Remi El-Ouazzane. « Mais ces objets, même s’ils sont convaincants n’offrent qu’un aperçu de ce qui va arriver », prédit le CEO de Movidius.

En janvier dernier, Google avait annoncé s'être associé à Movidius pour injecter du deep learning dans des smartphones.