Déjà embarqué dans des projets FGPA exploitant une architecture RISC-V, Intel a officiellement rejoint la fondation RISC-V International, laquelle promeut des normes matérielles ouvertes pour la conception et la construction de processeurs à très basse consommation. Autre annonce du fondeur : un investissement de 1 milliard de dollars dans les services de fonderie. Bob Brennan, vice-président de l'ingénierie des solutions clients de l’Intel Foundry Services (IFS), rejoindra le conseil d'administration et le comité directeur technique du projet RISC-V. Intel s'associe également à plusieurs leaders du RISC-V, dont Andes Technology, Esperanto Technologies, SiFive et Ventana Micro Systems. L'écosystème RISC-V est basé sur un modèle de collaboration ouvert, comparable au développement de Linux et d'autres logiciels open source. Ce modèle est unique dans le domaine de la conception de puces. Les développeurs ont la liberté de concevoir leurs processeurs pour des domaines et des industries spécifiques. Le projet RISC-V a été initié en 2010 par la division informatique de l'Université de Californie à Berkeley. Depuis, il a gagné de nombreux partisans, mais Intel est de loin le plus important à soutenir le projet. « Nous sommes impatients d'optimiser la propriété intellectuelle de nos technologies processeurs pour garantir que RISC-V fonctionne au mieux sur le silicium IFS (Intel Foundry Service) pour tous types de cœurs, depuis les cœurs embarqués jusqu’aux cœurs à haute performance », a déclaré M. Brennan dans un communiqué. 

Le fondeur de Santa Clara propose déjà des accélérateurs FPGA (Cycline, Stratix and Aria) exploitant l'architecture Nios V basée sur une conception RISC-V et a conclu un accord avec un autre développeur RISC-V, SiFive, pour créer une plate-forme de développement, appelée Horse Creek, laquelle comportera les cœurs Performance P550 de SiFive. Intel a également fait appel à SiFive pour son service de fonderie. L'intérêt et l'investissement d'Intel en faveur du RISC-V ne peuvent qu'accélérer le développement de la propriété intellectuelle du RISC-V. Pour accompagner ce développement, Intel a créé un fonds d'un milliard de dollars pour soutenir l'écosystème des fonderies et aider les fabricants de composants à développer aussi bien des puces que des technologies de packaging. Selon Intel, le fonds soutiendra de multiples architectures de processeur Instruction Set Architectures (ISA), couvrant les architectures x86, ARM et RISC-V. L’Intel Foundry Service travaille sur un projet appelé « Open Chiplet Platform ». L'un des objectifs du fonds est de faire progresser le concept de conception de chiplets 3D, dont le but est d’intégrer étroitement plusieurs architectures différentes sur une seule puce. En théorie, cela pourrait déboucher sur des puces associant des cœurs x86, ARM et RISC-V sur une même galette de silicium.

Pour accélérer le renouvellement de ses accélérateurs FPGA, Intel mise sur un partenariat renforcé avec la Fondation RISC-V. (Crédit Intel)

Le succès de RISC-V, une entrave pour ARM

S'il ne fait aucun doute que le projet RISC-V sort gagnant de cet accord, il montre aussi qu'ARM perd beaucoup de terrain. Le rachat envisagé par Nvidia, aujourd'hui annulé, a fragilisé la position d’ARM. Non seulement l’entreprise britannique n'a pas pu conclure d'accords alors que l'acquisition était en cours, mais son projet d'introduction en bourse pourrait entraver davantage les choses. Cela ne veut pas dire que les circuits ARM seront soudainement remplacés par d’autres processeurs dans les smartphones et les autres terminaux. Le concepteur bénéficie toujours d'un soutien important sur le marché et parmi les équipementiers, et ce support n'est pas près de disparaître. Mais l’an dernier, la dynamique du britannique a été sérieusement mise à mal, et RISC-V en a pleinement profité. Il est probable que dans les mois à venir, ARM cherche à multiplier les accords pour retrouver son élan.