L'Agence pour l'informatique financière de l'Etat n'en est pas à son coup d'essai dans l'IA. On se souvient du chatbot ClaudIA pour le support des utilisateurs de Chorus Pro, le portail de facturation dématérialisée pour les achats de l'Etat et des autres collectivités publiques. Aujourd'hui, l'AIFE poursuit son aventure avec l'IA en la testant pour le contrôle hiérarchisé des dépenses (CHD). Ce dernier est le contrôle par les comptables de l'Etat des demandes de paiement (factures fournisseurs, subventions, états de frais,...). Ces vérifications sont effectuées à partir du système d'information budgétaire et comptable de l'Etat, Chorus, mis en place en 2010 par l'AIFE.

A la mi-2017, l'agence a étudié l'opportunité d'appliquer des techniques d'IA au CHD. L'idée , explique Laurent Robillard, adjoint à la directrice de l'AIFE, « est d'automatiser tout cela en travaillant sur la masse de données disponibles par un modèle d'intelligence artificielle ». Il ajoute pragmatique, « l'IA ne remplacera aucunement les hommes, mais elle doit permettre de faire beaucoup moins de contrôles, tout en aidant à détecter plus d'irrégularités et donc au final d'avoir une bien meilleure efficacité du CHD ».

Du hackathon au pilote à la DRFIP de Bretagne

Après une étude de faisabilité via un hackathon IA d'Accenture en décembre 2017, le projet a séduit la DGFIP (Direction générale des finances publiques) et l'AIFE a décidé de soumettre son initiative au premier appel à projets du fonds pour la transformation publique (FTAP) engagé dans le programme « Action Publique 2022 ». Mi-2018, le nouveau CHD était officiellement parmi les 17 projets lauréats. Concrètement, le projet a démarré en septembre 2018 avec la mise en place d'une équipe projet pluridisciplinaire, composée à la fois d'experts métiers de la DGFIP, d'experts en intelligence artificielle, d'experts SAP, d'architectes de données et data scientists.

Le site pilote a alors été choisi, la direction régionale des finances publiques de Bretagne à Rennes, avec une date de démarrage le 1er février 2019. Un travail a été réalisé sur le modèle d'IA, « nous l'avons entraîné sur les données de contrôles de 2016 et 2017 pour l'appliquer à l'exercice 2018. Nous avons ensuite comparé les résultats proposés par le modèle IA avec les irrégularités réellement détectées sur l'exercice 2018 par les comptables », détaille Laurent Robillard. Les résultats sont positifs, explique le responsable, « 80% des irrégularités ont été détectées par le modèle, avec une réduction du nombre de demandes de paiement à contrôler en baisse de 60%. Ce modèle a par ailleurs proposé d'autres contrôles d'irrégularités potentielles qui n'avaient pas été faits en 2018 ». ce projet devrait se généraliser à l'horizon 2020-2021.