Quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail ? Pour le savoir, deux associations, à savoir Konexio et Diversidays, en partenariat avec France Travail et avec le soutien de Google ont réalisé une enquête auprès de demandeurs d’emploi sur l’utilisation de l’IA dans la recherche de postes Cette étude, menée en octobre 2024 auprès de 5 300 demandeurs d’emploi, constitue le premier volet de l’Observatoire IA & emploi. Les résultats font ressortir une montée en puissance de la technologie auprès des demandeurs d’emploi : en effet 46% ont eu recours à ces outils au cours de leur recherche et les ont jugés efficace tandis que 56% jugent ces derniers simples à utiliser. Sur cet échantillon, 40% s'en servent pour rédiger des CV plus percutants et des lettres de motivation personnalisées, avec des outils tels que Canva, ou ChatGPT d'OpenAI.
Un tiers exploite l’IA pour accéder à davantage d’offres d’emploi, en utilisant des recommandations automatiques proposées par des plateformes. Parmi les solutions les plus populaires, les chatbots permettent d’obtenir des conseils sur les entretiens ou de résoudre des questions administratives, tandis que les logiciels de création de CV aident à structurer des candidatures professionnelles. Ces exemples soulignent à quel point l’IA redéfinit la stratégie des chercheurs d’emploi, en simplifiant des étapes clés et en augmentant leur efficacité.
Les usages de l'IA dans la recherche d'emploi en France. (Source: Diversidays, Konexio/ France Travail)
Des différences générationnelles et de genre
Au total, 77% des demandeurs d’emploi déclarent avoir déjà utilisé l’IA, indépendamment de leur niveau d’éducation. Par exemple, 76 % des personnes ayant un niveau inférieur au bac s’appuient sur l’IA, tout comme 75 % des bac+2 et 80 % des titulaires d’un bac ou d’un bac+5 et plus. Toutefois, des différences apparaissent selon l’âge des candidats. 83 % des moins de 25 ans intègrent l’IA dans leur stratégie de recherche d’emploi, contre 69 % des plus de 50 ans. Les femmes sont légèrement en tête dans l’utilisation de ces outils (79 % contre 74 % des hommes). Du côté des pratiques, elles privilégient plutôt l’IA pour l’amélioration de la qualité de la candidature, alors que les hommes la mobilisent davantage pour organiser leurs démarches.
Les usages de l'IA dans la recherche d'emploi en France selon le niveau d'études. (Source: Diversidays, Konexio/ France Travail)
Des perceptions inégales selon le niveau d'études
Les niveaux d’éducation influencent également la confiance dans l’utilisation de l’IA. Alors que 61 % des bac+5 se sentent à l’aise pour s’informer sur ces outils, seuls 34 % des titulaires d’un CAP ou BEP partagent ce sentiment. Cette aisance se reflète dans l’adoption d’outils comme les chatbots, largement plébiscités par les profils Bac+3 et plus. Ces disparités montrent que, si l’IA ouvre des opportunités pour tous, les plus âgés et les moins diplômés restent plus vulnérables face à ces technologies, en raison d’un manque d’accompagnement et d’accessibilité. Du point des conséquences de l’IA sur les métiers, la moitié des personnes estime que des compétences sur ces plateformes seront utiles pour leur prochain poste. Cette anticipation est particulièrement marquée chez les diplômés de niveau bac+5, dont 77 % considèrent l’IA comme un levier clef, ainsi que parmi les cadres et les ingénieurs (72 %).
Les facteurs de craintes sur les usages de l'IA dans le recrutement en France. (Source: Diversidays, Konexio/ France Travail)
Des inquiétudes pour les plus âgés
Cependant, des craintes subsistent sur l’es usages de l’IA dans le processus de recrutement, et elles sont là aussi plus nombreuses chez les plus de 50 ans, dont près de 50 % expriment des réserves La perte d’interactions humaines est la principale préoccupation (55 %), suivie par les risques pour la confidentialité des données personnelles (47 %). Par ailleurs, 30 % de ceux ayant des appréhensions sur l’utilisation de l’IA dans le recrutement estiment que les CV et lettres générés par IA deviennent trop standardisés, ce qui pourrait nuire à la différenciation des candidats. Pour surmonter ces obstacles, un quart des demandeurs d’emploi souhaite se former à l’utilisation de l’IA, et parmi eux, 4 sur 5 anticipent un impact de ces compétences dans leur futur poste.
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