La question de l’intérêt général sur Internet semble avoir gagné une bataille avec l’annonce par l’Icann (en charge de gérer les noms de domaine) du rejet de la vente de l’extension .org au fonds d’investissement Ethos Capital. En novembre dernier, il avait emporté la mise pour un montant de plus de 1 milliard de dollars. Pour mémoire, le .org appartient au Public Internet Registry (PIR), une association créée en 2002 par l’Internet Society pour gérer ce célèbre domaine. Au total, ce dernier regroupe 10,5 millions de sites internet, dont ceux d’associations à but non lucratif (Croix-Rouge ou Médecins Sans Frontières) et des ONG comme l’ONU ou la Banque Mondiale.

A l’époque, cette annonce de rachat a fait l’objet de multiples critiques. Tim Berners-Lee, inventeur du web, était monté au créneau à la fin 2019 pour dénoncer une « mascarade » à propos de ce rachat. L’EFF (Electronic Frontier Foundation) a lancé une pétition contre cette opération (recueillant à date plus de 26 000 signatures). Point d’achoppement pour les anti-rachats, le changement de modèle d’une association à but non lucratif (PIR) à une entité commerciale (Ethos). « Avec ce rachat, la commercialisation du .org » ne servirait plus à développer les actions d’une association à but non lucratif comme PIR mais à rémunérer des actionnaires », expliquait Pierre Bonis, patron de l’Afnic (association qui gère le .fr) à nos confrères de La Croix en février dernier.

Face à la pression de plus en plus forte, l’Icann a donc finalement pris la décision de bloquer le rachat de PIR, donc du .org par Ethos Capital. Le fonds a réagi rapidement en dénonçant une décision qui créait « un dangereux précédent ». Il ajoute, auprès de l’AFP, qu’elle « ouvre la voie au rejet unilatéral par l'Icann de transferts futurs en raison de pressions intéressées de la part de parties extérieures à la transaction ».