La proposition européenne de créer un nouvel organisme de gouvernance de l'Internet chargé notamment de chapeauter le système de résolution de noms de domaines (DNS) a reçu un accueil très frais de la part d'un groupe de députés de la chambre des représentants américaine.

Quatre membres importants de la commission de l'énergie et du commerce de la chambre des représentants ont ainsi adressé un courrier au département d'Etat (l'équivalent du ministère des affaires étrangères) ainsi qu'au département du commerce pour enjoindre le gouvernement américain à maintenir son contrôle sur la gouvernance de l'Internet.

Le contrôle de l'attribution des "top domains" doit rester sous contrôle américain au travers de l'ICANN(Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) expliquent les quatre députés.

Au vu de l'importance de l'Internet pour l'économie mondiale, il est essentiel que le système de gestion des noms de domaines reste stable et en sécurité" ajoutent les quatre parlementaires. "De ce fait les USA ne doivent entreprendre aucune action qui pourrait affecter de façon négative la gestion efficace du DNS. Les USA doivent conserver leur rôle historique pour ce qui concerne l'autorisation ou les modifications de la racine du DNS.

Au mois de septembre, l'UE s'est dissociée des Etats-Unis en demandant la création d'un organisme international pour la gestion du DNS. L'objectif serait de parvenir à une répartition plus équitable de la distribution des blocs d'adresses IP et priverait l'ICANN d'un de ses principaux rôles. L'UE a aussi demandé la création d'un Forum pour discuter des problèmes de réglementation de l'Internet. "Une nouvelle structure coopérative de gestion de l'Internet est nécessaire" a ainsi expliqué Viviane Reding, la commissaire pour la société de l'information en ajoutant que "l'Internet est devenu une infrastructure mondiale".

De façon intéressante, la lettre des quatre représentants coïncide avec l'avis de l'ITAA( Information Technology Association of America) un groupe de société technologiques américaines qui a expliqué que la position de l'UE était "anti-business". Pour Harris Miller, le président de l'ITAA, "l'intervention gouvernementale menace de miner la nature innovante et robuste de l'Internet"(..) Faire du processus de gestion du DNS, un jeu de football entre gouvernements est un jeu dangereux, qui n'a certainement pas les faveurs du secteur privé. Nous devons l'adoption rapide et large de l'Internet au système actuel de gouvernance". Reste que la continuation du système actuel de tutelle américaine du DNS apparaît de plus en plus comme un anachronisme à l'heure ou les internautes américains ne représentent plus qu'une fraction des internautes mondiaux...

Adapté d'un article en anglais de Grant Gross, IDG News Service Washington