La pilule a du mal à passer chez les clients SAP après l’annonce fin juillet de la hausse des coûts de maintenance pour 2024 pour ses offres sur site. En effet, l’USF (association des utilisateurs de SAP francophones) vient de publier officiellement sa position sur le sujet à quelques jours de sa grande conférence annuelle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la hausse capée à un maximum de 5 % au 1er janvier 2024 engendre un fort mécontentement.

C’est la deuxième année consécutive que l’éditeur allemand remonte le coût de la maintenance. Mais cette année, il y a une amertume particulière comme le souligne l’USF dans un communiqué. Il y a d’abord la « double peine » infligée aux clients des offres on premise qui subissent la hausse, mais qui, en plus, ne bénéficieront plus des innovations. En effet, Christian Klein, CEO de SAP a expliqué lors d’une présentation de résultats que « les dernières innovations et capacités de SAP ne seront disponibles que dans les cloud publics et privés en utilisant RISE comme facilitateur ». Et d’ajouter, « nos dernières innovations ne seront pas disponibles pour les clients ERP sur site ou hébergés sur site chez les hyperscalers ». Lors d’un entretien à nos confrères de CIO-online, Gianmaria Perancin, président de l’USF avait déclaré, « il est de toute façon hors de question de payer 5 % de plus la maintenance pour uniquement avoir accès à des patchs, des correctifs cyber ou des adaptations réglementaires ».

Une mécanique de shrinkflation

L’USF dénonce donc une mécanique de « shrinkflation » (connu dans le domaine alimentaire où les marques baissent la quantité de produits, tout en gardant le même prix). L’association rappelle « que ces augmentations sont justifiées dans le seul but de permettre à l’éditeur de délivrer plus de valeur à ses clients ». Elle s’inquiète aussi de la politique de la firme qui vise à délaisser les clients historiques utilisant des versions on premise et qui n’ont pas prévu une migration dans le cloud.

Reste à savoir maintenant quelles alternatives sont à disposition des entreprises ? L’USF renvoie la balle à SAP, « la seule alternative crédible pour l’éditeur est de proposer à ses clients une maintenance à un coût réduit, correspondant au service effectif rendu ». Le groupe préconise aussi aux entreprises disposant d’un support Enterprise de passer à un support Standard (mais en acceptant bien évidemment un service moindre). À voir maintenant la réponse de SAP à la convention de l’USF à Nantes (11 et 12 octobre). Une première réponse a été apportée par Christian Klein en personne lors de l'évènement rassemblant les utilisateurs allemands (DSAG) où il a expliqué, « nous n'abandonnerons aucun client. D'autres ont peut-être agi différemment, mais SAP continuera à investir dans des fonctions et des caractéristiques pour nos clients on prem. Nous continuerons à proposer plus de 200 versions d'ERP dans plus de 130 pays. Nous les localiserons et nous les maintiendrons. Pour cela, nous dépenserons plusieurs milliards d'euros pour accompagner ces clients ».