Les directeurs des écoles françaises d'ingénieurs s'alarment des rumeurs actuelles autour de la possible disparition du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Mercredi 16 mai, à l'occasion de l'annonce, par le prochain premier ministre, de la composition du gouvernement, ils sauront s'il est décidé ou non de supprimer ce ministère pour le rattacher à l'Education nationale

Pour la CDEFI, (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs), si une telle décision venait à être confirmée, elle représenterait un recul majeur dans la dynamique engagée autour du redressement des grandes écoles d'ingénieurs. Alexandre Rigal, directeur de cabinet de l'organisme, estime que la création d'un seul et unique ministère de l'Education nationale constituerait un recul majeur dans l'enseignement supérieur et la recherche. Il rappelle que ce domaine a bénéficié d'investissements au cours des 10 dernières années, avec la mise en place, en 2006, du Pacte sur la recherche, et de la loi
L.R.U (ou loi Pécresse) de 2007 sur l'autonomie des universités. Il craint également, qu'en cas de rattachement des deux ministères, l'accent soit davantage mis sur l'école au détriment de l'enseignement supérieur qui, selon lui, a longtemps été considéré comme le parent pauvre des réformes. « Développer l'école, c'est important », estime ce dernier. « Mais il faut renforcer le lien entre le lycée, le monde universitaire et celui de la recherche. »


Un retard comparé aux établissements IT étrangers

Alexandre Rigal considère aussi qu'au cas où cette option serait retenue, ce serait un signal négatif adressé en direction de l'international sur l'importance donnée au secteur de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, à l'heure même où l'on sait ce que représentent les classements internationaux - comme celui de Shanghaï-  dans la lisibilité et l'attractivité des écoles d'ingénieurs et des universités.

Pour le porte-parole de la CDEFI, il faut au contraire renforcer ce ministère en lui donnant des moyens de fonctionnement et des compétences rénovées.

C'est pourquoi, parmi les 25 propositions qu'elle a adressées aux candidats à l'élection présidentielle, la CDEFI a demandé la création d'un grand ministère alliant à la fois, l'Enseignement supérieur, la Recherche et le Développement économique.  « Si tous s'accordent à dire que la croissance en France passe aujourd'hui par la réindustrialisation du pays, nous devons dans ce cas assumer ces déclarations et valoriser l'ingénierie en France », souligne Alexandre Rigal. Celui-ci note qu'aujourd'hui, les écoles d'ingénieurs françaises sont de petite taille. et qu'elles doivent impérativement se développer et agréger d'autres formations qui les complètent. « Nous sommes aujourd'hui le seul pays occidental à ne pas posséder de vrais établissements technologiques comme ceux qui existent en Allemagne, en Europe du nord, et aux Etats-Unis », déplore Alexandre Rigal. Classés parmi les meilleurs dans les classements internationaux, ils sont construits autour de formations d'ingénieurs et de leur capacité de recherche, et ont ajouté des disciplines utiles à l'innovation portée par l'ingénierie.

Le représentant de la CDEFI considère que cela devrait pouvoir exister en France sur certains sites où le bassin industriel est porteur, comme ceux de Sophia-Antipolis ou de Grenoble, dans le domaine IT. C'est pourquoi il propose de créer 3 à 5 grands établissements technologiques en France sur le modèle des structures analogues étrangères.