Le fait est suffisamment rare pour être souligné. La Commission européenne a annoncé avoir pris des mesures provisoires contre Broadcom. Le spécialiste des SoC (system on chip) à destination des modems (fibre et xDSL), smartphones et téléviseurs s’est vu notifier la cessation des clauses d’exclusivité dans ses contrats avec six fabricants de décodeurs de télévision et de modems. Sur ces marchés, Broadcom est en position dominante et les équipes de Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, considèrent que la firme américaine abuse de cette position à travers ces clauses.

La mise en place de mesures provisoires sont justifiées « pour empêcher que la concurrence ne subisse un dommage grave et irréparable sur certains marchés des systèmes sur puce pour décodeurs de télévision et modems », estime l’institution bruxelloise. Elle dénonce les clauses d’obligation d’achat exclusif et celles accordant aux clients des avantages commerciaux. Ces découvertes font suite à l’enquête ouverte par la Commission européenne en juin dernier.

Garantir la concurrence sur le marché du WiFi 6

L'exécutif européen estime que le comportement commercial de Broadcom, s’il se poursuit, va avoir un impact sur l’introduction prochaine de la norme WiFi 6. « La conséquence probable en serait que d'autres fournisseurs de jeux de puces seraient incapables d'opposer une concurrence par les mérites à Broadcom et qu'il en résulterait, en définitive, un préjudice grave et irréparable pour la concurrence, se manifestant par la sortie du marché des concurrents de Broadcom ou leur marginalisation », peut-on lire dans le communiqué.

Pour mémoire, la 6e génération du WiFi, basée sur le protocole technologique 802.11ax, peut désormais être mise en oeuvre dans toute une gamme de solutions, allant des routeurs aux terminaux mobiles en passant par les objets connectés. Par rapport à la précédente version supportant le 802.11ac datant de 2013, de nombreuses améliorations sont apportées en termes de vitesse, capacités et temps de latence.

Broadcam a rapidement réagi en expliquant qu’il allait faire appel de cette décision et conteste l’analyse de la Commission européenne. Broadcom a 30 jours pour se conformer aux mesures conservatoires de la décision qui s’appliqueront pendant une durée de 3 ans, « ou jusqu'à la date d'adoption d'une décision finale se prononçant sur le fond au sujet du comportement de Broadcom ou clôturant l'enquête de la Commission, si cette adoption intervient plus tôt ».