En direct de Barcelone. Dans les allées du TechEd de SAP, il n’est pas rare d’entendre parler français. La délégation hexagonale est importante et affiche son dynamisme dans le domaine de la recherche sur l’analytique et l’intelligence artificielle, des thèmes abordées lors des différentes annonces du TechEd. Cet intérêt pour les compétences françaises trouve sa traduction à la fois dans les récents rachats de SAP et dans les labs de l’éditeur.

Les labs français sont dirigés par Erik Marcadé, vice-président d'Advanced Analytics Cloud, avec pour ambition « d’intégrer de l’IA et du machine learning dans les applications SAP ». Issu du rachat de Kxen en 2013, le dirigeant gère maintenant 650 personnes avec un focus important sur l’analytique. « Nous travaillons sur la souche Business Object dont la version 4.3 sortira bientôt », précise Erik Marcadé. Il ajoute que d’autres équipes planchent sur l’aspect prédictif à travers S/4 Hana, mais aussi sur Data Hub (un outil de centralisation du traitement des données) et Data Science via Analytics Cloud en y injectant du machine learning. Le fruit des travaux des labs parisiens est déjà conséquent avec la mise en place « de modules comme Search to insight et Smart discovery au sein des applications SAP ».

Pour cela, des efforts vont être menés autour de 2 axes : la performance et l’UX (interface utilisateur). La performance est importante par exemple pour les modèles live c’est-à-dire que les données sont traitées dans le cloud, mais elles restent sur site, « la notion de performance est donc essentielle dans cet environnement hybride ». Sur l’UX, « des travaux sont menés sur l’assistance aux utilisateurs à travers la vidéo », souligne Erik Marcadé et d’ajouter, « l’idée est de créer une sorte de Google pour le business ».  La dernière équipe installée va s’occuper du RPA (Robotic Process Automation), c’est-à-dire la capacité de créer de bout en bout des bots pour automatiser certaines tâches.

Une start-up française au cœur des chatbots de SAP

Elle pourra s’appuyer sur les produits et l’expertise de Recast.AI. Car l’autre atout de la France pour SAP est le tissu de jeunes pousses dans le domaine de l’IA. Au début de l’année, Recast.AI a été rachetée par SAP pour intégrer son travail sur la compréhension du langage naturel au sein de Leonardo, l’offre innovation et transformation numérique de l’éditeur. Cette technologie sert dans un premier temps « le service client avec la création de chatbot », précise Omer Biran, ex CTO de Recast.AI et aujourd’hui directeur général de l’activité Conversational AI de SAP. Cette activité compte bien se battre face à une concurrence rude : IBM Watson, Google, Microsoft. Pour faire son trou, l’équipe de Conversational.AI compte sur trois avantages, « la performance de notre solution disponible réellement en plusieurs langues ; une mise sur le marché très rapide : en 9 semaines il est possible de lancer un chatbot contre plusieurs mois auparavant ; enfin une facilité d’intégration et d’utilisation ». Sur le dernier point, Omer Biran raconte une anecdote d’un avant-vente technique qui a entendu la conversation d’un client qui souhaitait investir dans un chatbot. « En revenant à son bureau, il a discuté avec nos équipes et 4 jours plus tard, il présentait une démo au client », assure le dirigeant.

Au-delà du simple cas d’usage sur le service client, Conversational AI étudie d’autres scénarios à destination par exemple des commerciaux. « A la fin d’une vente, le commercial peut se servir d’un chatbot avec de la compréhension de langage naturel, plutôt que de taper son compte-rendu de visite », évoque Omer Biran. Cette approche métier implique d’avoir des équipes pluridisciplinaires avec des compétences émergentes comme « les UX designer conversationnels » pour adapter les chatbots aux besoins.

Que ce soit sur l’analytique, le prédictif, le machine learning et la compréhension de langage naturel, la France a une carte à jouer. SAP l’a bien compris en investissant dans l’hexagone 2 milliards d’euros d’ici 2020 dont 750 millions d’euros pour la recherche et le développement.