Après le régulateur britannique de la concurrence (CMA) qui a demandé une enquête approfondie, la méga acquisition d’ARM par Nvidia pour 40 milliards de dollars doit faire face à une autre barrière. La FTC (Federal Trade Commission) a annoncé avoir saisi la justice pour bloquer cette opération. Elle justifie cette décision en raison des risques pesant sur la concurrence et l’innovation dans le domaine des semi-conducteurs.

« Nous voulons empêcher un conglomérat de puces d’étouffer le pipeline d’innovation pour les technologies de prochaine génération », explique Holly Vedova, directrice du bureau de la concurrence de la FTC, dans un communiqué. Les innovations de demain dépendent de la préservation des marchés des puces d’aujourd’hui. Dans le communiqué, la FTC estime que sa saisine « devrait envoyer un signal fort en indiquant que nous agirons de manière agressive pour protéger nos marchés d’infrastructures critiques contre les fusions illégales qui ont des effets importants et dommageables sur les innovations futures ». Sur la question de la procédure, le procès, qui se déroulera devant le juge administratif de la FTC, est prévu pour le 9 août 2022. Il rendra alors une première décision, qui peut faire l'objet d'un appel devant l'ensemble de la commission pour un vote. Cette décision pourra ensuite faire l'objet d'un appel devant un tribunal fédéral. Pour mémoire, Nvidia espère finaliser le rachat en 2022.

Nvidia reste confiant

Bien évidemment, Nvidia n’est pas d’accord avec cette analyse et réaffirme que le rachat d’ARM serait bénéfique pour l’industrie. « Alors que nous sommes passés à une étape supplémentaire auprès de la FTC, nous continuerons à travailler pour démontrer que cette transaction sera bénéfique pour l’industrie et favorisera la concurrence », précise la firme dans un communiqué. Elle rappelle ses engagements pour effacer les craintes, notamment la préservation du modèle de licence ouverte et l’assurance que la propriété intellectuelle est disponible pour les licenciés intéressés actuels et futurs. Les concurrents de Nvidia craignent beaucoup ce rachat et des sociétés comme Google, Qualcomm et Microsoft n’ont pas hésité à saisir les autorités de la concurrence européenne et américaine.

Des craintes justifiées selon la FTC qui souligne que le rachat par Nvidia lui donnerait une vision stratégique de ce que font ses concurrents directs. Pour mémoire, ARM conçoit des design de puces et des jeux d’instructions, qui sont ensuite cédés sous licence à des entreprises comme Apple, Samsung, Qualcomm et des milliers d’autres. Elles partagent des informations sensibles avec ARM pour les aider à développer, concevoir, tester, déboguer, dépanner, maintenir et améliorer leurs produits. Ces derniers se trouvent en majorité dans les smartphones, les ordinateurs, les objets connectés (voitures, montres,...).