T-Platforms, une entreprise technologique moscovite, qui a déjà construit certains des plus grands systèmes informatiques en usage dans le pays, a annoncé qu'elle développait un supercalculateur 10 pétaflops pour le compte de l'Université d'État MV Lomonosov de Moscou. Ce projet vient rejoindre la liste des supercalculateurs les plus importants en cours de développement dans les pays les plus impliqués dans ces technologies. Il marque aussi l'intention de la Russie de devenir un acteur majeur dans la course à l'Exascale. Le pays doit rattraper son retard pour se placer dans un peloton de plus en plus rapide dans lequel on trouve actuellement la Chine, le Japon, les États-Unis et l'Europe. L'enjeu : être, dans la décennie, le premier pays à réaliser un supercalculateur Exascale, c'est à dire un système ayant une puissance de calcul de mille pétaflops (un petaflop correspond à 10 puissance 15 opérations en virgule flottante par seconde).

La mise au point d'un système Exascale nécessite de nouvelles approches en matière de microprocesseurs, d'interconnexions, de mémoire et de stockage. Si des avancées se produisent en dehors des États-Unis, on pourrait voir apparaitre des entreprises technologiques capables de rivaliser avec les entreprises américaines, aujourd'hui dominantes dans ce secteur. La Russie « s'est engagée à disposer de capacités de calcul Exascale d'ici 2018-2020, et le pays est prêt à y consacrer les investissements nécessaires pour y parvenir », a déclaré Mike Bernhardt, auteur de l'Exascale Report, qui a répondu à un questionnaire de Computerworld. « Nous aurons plus de détails sur les dispositions que prendra la Russie pour mener son projet Exascale dans le courant de l'année prochaine », a t-il ajouté. 

Un système de 1,3 pétaflop pour l'Université Lomonossov

L'entreprise T-Platforms, qui se positionne comme le leader du HPC en Russie, s'est également constituée un portefeuille de clients à l'étranger, en Europe notamment. Elle a déjà construit un système de 1,3 pétaflop pour l'Université Lomonossov. Le futur système que l'entreprise doit livrer à l'université moscovite sera refroidi à l'eau et devrait être opérationnel d'ici la fin de 2013. « Il intègrera des puces Intel et Nvidia, et peut-être même des puces MIC d'Intel, si elles sont disponibles en 2012 au moment de la phase de conception », a indiqué T-Platforms.

La position de la Russie en matière de supercomputing est assez proche de celle de l'Europe. Russes et Européens aimeraient être moins dépendants des technologies américaines pour construire des systèmes haute performance. « A ce stade, tout le monde s'accorde pour dire qu'il n'y pas une entreprise dans le monde qui pourrait prétendre maîtriser cette technologie et affirmer qu'elle sait comment ou avec quels composants construire une machine Exascale », a déclaré Mike Bernhardt. « Ces systèmes seront hybrides, hétérogènes et uniques. Il reste encore trop d'inconnues, de même qu'il y a beaucoup de recherches en cours explorant différentes pistes, pour prédire quelle solution sera la bonne. La Russie pourrait très bien mettre au point sa propre technologie qui dépendra peu, voire pas du tout, des technologies extérieures », a déclaré l'auteur du rapport.