Réunis dans un micro-amphithéâtre au 8e étage du Partech Shaker, dans le deuxième arrondissement de Paris, les membres du Hub France IA étaient venus en nombre pour le lancement de l’association. Ce sont effet une douzaine de personnes qui sont intervenues pour présenter les projets de cette association, sans compter les membres installés sur les bancs de l’hémicycle et ceux plus en retrait dans la salle. Le Hub a pour ambition de faire collaborer tous les acteurs de l’écosystème de l’intelligence artificielle en France : start-ups, PME, grands groupes mais aussi scientifiques, chercheurs, etc. Tout cela dans le but de mettre en réseau les initiatives qui émergent, consolider le marché français et diffuser les bonnes pratiques liées à l’intelligence artificielle.

Une plate-forme de partage de données et d’ensembles algorithmiques, dont les premiers travaux seront lancés en janvier, va être développée pour permettre aux entreprises de partager leurs solutions IA en accès libre. « On est pour une alliance pré-compétitive des entreprises » indique Patrick Albert, président du Hub, chercheur et entrepreneur en intelligence artificielle. En effet, des grands groupes comme la Banque postale ou la Société générale se sont déjà engagées comme membres fondateurs (ainsi que la SNCF, Leonard-Vinci, Air Liquide, Air France, France Télévisions et CEA). Selon Nathanael Ackerman, directeur général du Hub France IA, une trentaine d’autres grands groupes seraient intéressés pour collaborer avec l’association : Atos, Pôle Emploi ou Orange par exemple). Un label IA d’excellence fait aussi partie des projets de l’association pour promouvoir les « jeunes pouces » du secteur et mettre en valeur le savoir-faire français en la matière.

Un lancement en parallèle de la mission Villani

Le Hub France IA est structuré en un think tank et un do tank. Le premier est scindé en deux : un comité d’orientation - réfléchissant sur les questions stratégiques, technologiques et industrielles - d’une trentaine de membres et un comité international qui intègre des personnalités françaises vivant à l’étranger (Aurélie Jean, Grégory Renard, etc.) et des groupes européens. Le do tank est lui aussi coupé en deux. Avec d’une part 16 groupes business répartis par secteurs d’activités (mobilité, énergie, sécurité, etc.). L’idée étant de créer de nouveaux produits et services basés sur l’intelligence artificielle. D’autre part, 11 groupes traiteront de sujets plus transversaux à l’écosystème tels que la formation, l’éthique, etc. L’un de ces groupes sera chargé de la publication d’un baromètre que le président du Hub souhaiterait semestriel sur l’évolution et les tendances de l’IA dans chaque secteur.

 

Julien-Henri Maurice, CMDO de Bazarchic, gérant le groupe business “Expérience client étendue”, a annoncé la mise en place d'un label de qualité qui sera attribué aux projets innovants dans le secteur de l'IA (Crédit: N.C.).

Présenté de cette manière le projet semble partir dans tous les sens avec autant d’acteurs et de secteurs de réflexion. Ce à quoi Nathanaël Ackerman répond que « la mobilisation actuelle témoigne de la nécessité de passer à l’action »… L’association va donc progressivement mettre en place une partie de ces groupes au premier trimestre 2018 et compte publier une cartographie française et européenne de l’intelligence artificielle. Parallèlement, l’association continuera d’apporter sa contribution au député Cédric Villani dans sa mission développer une industrie française de l'intelligence artificielle. Ce projet semble d’ailleurs très proche de celui du Hub France IA, qui dit s’aligner avec la vision du député. Ce dernier a déclaré à La Tribune voir dans ce lancement « la preuve d’une volonté des acteurs de discuter les uns avec les autres »

Le Hub se veut catalyseur et sensibilisateur

Au deuxième trimestre, l’association participera au call AI-on-Demand de la commission européenne. L’institution souhaite proposer un projet de mobilisation de la communauté IA européenne afin de développer des synergies au niveau du continent. Le Hub a dit être lui aussi en discussion avec d’autres associations européennes comme Swiss Cognitive, le Big innovation center britannique ou la communauté City.AI. D’ici la fin de l’année prochaine, le Hub devrait publier des guides des bonnes pratiques en termes d’intelligence artificielle. Notamment sur la mise en œuvre et le déploiement de l’IA dans les entreprises et l’éthique. Pour Laurence Devillers, chercheuse à l’université Paris-Sud, spécialiste des interactions hommes/machines, et co-responsable du groupe « Ethique Appliquée » du Hub, « le but de ce groupe est celui de catalyseur et de sensibilisateur, afin d’initier un mouvement de régulation et de former aux questions éthiques dans l’entreprise ».