Les opérateurs de cloud public se portent bien et la pandémie de Covid-19 n'a fait qu'améliorer leurs affaires. Illustration de cette santé insolente, les ventes de services d'infrastructures cloud d'AWS, Microsoft Azure, Google Cloud et consorts ont connu une hausse de 34% à 47 Md$ entre les seconds trimestres 2020 et 2021, selon Canalys. Cet engouement draine logiquement toujours plus d'acheteurs vers les places de marché des géants du cloud, qui en profitent pour se muer en canal de distribution à part entière pour les éditeurs.

59% de croissance par an jusqu'en 2025

Le phénomène concerne une large gamme d'applications, notamment celles liées au stockage et à la sauvegarde, à l'analyse de données, aux réseaux, au machine learning et à l'AI, ainsi qu'à la cybersécurité. Canalys estime que les ventes de logiciels tiers réalisées sur les places de marché des opérateurs cloud atteindront 4,1 Md$ cette année, soit une hausse de 71% par rapport à 2020. Elles devraient peser 25 Md$ en 2025, sous l'effet d'une croissance annuelle moyenne de 59% d'ici là.

Les acheteurs et les utilisateurs de services cloud sont attirés par « [...] la promesse d'un processus d'achat simple, d'une facturation consolidée, de fonctions de gestion toujours plus sophistiquées. Ils recherchent également des technologies pré intégrées aux couches de services cloud qu'ils exploitent, et un accès à de nouveaux services et technologies alors qu'ils digitalisent leur activité », explique Alastair Edward, analyste chez Canalys. L'attribution gratuite de crédits d'utilisation de services cloud aux entreprises, moyennant des achats sur les places de marché, a également joué un rôle d'accélérateur dans le commerce de logiciels tiers des opérateurs. Sans compter les moyens financiers et les ressources de co-vente dans lesquels ils investissent pour inciter les éditeurs à être présents sur leurs plates-formes.

Le self-service applicatif reste un rêve

Dans ces conditions, les ESN et autres professionnels de l'IT risquent-ils de perdre une part des revenus qu'ils tirent du marché des logiciels ? Non, et pour deux raisons explique en substance Canalys. La première tient au simple fait qu'en 2025 les achats d'applications réalisées sur les places de marché représenteront moins de 5% des ventes mondiales de logiciels. Surtout, le rêve de places de marché sur lesquelles les clients évolueraient comme dans un self-service à la recherche d'une application est loin d'être encore une réalité. Les entreprises veulent toujours pouvoir négocier des contrats, obtenir des remises et intégrer les technologies qu'elles acquièrent. Or, indique Canalys, alors qu'elles plébiscitent le multi-cloud et veulent accéder à des technologies toujours plus complexes via les places de marchés, elles ont besoin de partenaires IT de confiances pour les y accompagner.

Une opportunité plutôt qu'une menace pour les revendeurs

Finalement, la transformation des places de marché en canaux de vente de logiciels serait plutôt une source d'opportunité pour les partenaires. Notamment, parce que les éditeurs qui se positionnent sur ces plates-formes ont besoin d'un réseau de prestataires capables de fournir des services professionnels, de gérer les clients et de les assister. Dans le même temps, les revendeurs, les intégrateurs de systèmes et les MSP ont maintenant bien identifié tout l'intérêt de proposer leurs propres places de marché au sein même de celles des grands opérateurs. Canalys s'attend à ce que près d'un tiers de tous les achats réalisés sur les places de marché transitent par les partenaires d'ici 2025.