Il y a une dizaine d'années le cloud était un mot à la mode. Tout devait être accessible partout. Et c'est plus ou moins ce qui s'est passé : avec un peu de préparation et une connexion décente, il est aujourd’hui possible d’accéder à presque tout depuis n'importe où, du fichier .doc d’un CV à une filmothèque, ou à des jeux PC en streaming complet. Logique donc de voir Microsoft s'atteler depuis longtemps à rendre l'intégralité de Windows accessible à des clients PC depuis le cloud. S'il s'agit encore d'un horizon lointain, des informations ont été révélées à ce sujet dans le cadre d'une audition de Microsoft par la fédération américaine du commerce (FTC) lors de la tentative d'acquisition d'Activision-Blizzard.

Windows 365 aka Cloud PC lancé il y a deux ans (avant ce document interne), est une sorte de petit pas vers cette réalité. Mais d'une part il n'est disponible que pour les entreprises, et n'est donc pas vraiment adapté au type d'utilisateurs courants dont Microsoft a besoin pour changer radicalement de marché. Ensuite, il fait partie de la plateforme Azure, ce qui signifie que la gestion est centralisée dans l'optique d'un département IT. Il manque également beaucoup de fonctionnalités orientées vers le consommateur, comme les outils multimédias ou une assistance plus pratique pour les utilisateurs débutants.

Des essais déjà concluants ailleurs

L'audition de la FTC a permis de découvrir beaucoup de choses sur les coulisses de l'entreprise sur son projet. Comme le rapporte The Verge, l'un des objectifs à long terme de la firme de Redmond (si l’on en croit une documentation interne datée de 2022) est de déplacer Windows 11 de plus en plus vers le cloud. Selon ce document, cela reviendrait ainsi à diffuser un OS Windows complet depuis le cloud vers n'importe quel terminal.

L'idée n'est pas nouvelle, avec le développement d'offres de VDI (virtual desktop infrastructure). Des fournisseurs comme VMWare ou Citrix proposent ainsi déjà ces solutions au niveau de l'entreprise, et des services comme Shadow offrent même une machine Windows complète à distance directement au grand public.

Laisser le temps au temps ?

L'objectif de faire de Windows un système entièrement dématérialisé s'inscrit dans la droite ligne des efforts déployés ces dernières années par Microsoft sur le marché. Après tout, un système d'exploitation complet, payé sous forme d’abonnement mensuel, serait le meilleur logiciel en tant que service possible, et sa diffusion sur des écrans muets nécessiterait un matériel incroyablement peu coûteux. À moins que ce ne soit, d'ailleurs, les téléphones, tablettes et téléviseurs que les utilisateurs ont déjà achetés ? Comme le prouve l'initiative Xbox Game Pass en faveur du cloud gaming, la société dispose certainement de l'infrastructure nécessaire pour y parvenir. Mais si cette capacité peut garantir une expérience suffisamment fluide pour être vendue aux consommateurs de tous les jours, un élément de ce projet échappe largement au contrôle de Microsoft.

Si une entreprise cliente passant au cloud peut garantir une connexion de haute qualité à ses utilisateurs, cela n'est en aucun cas le cas pour le grand public, même dans des pays apparemment riches comme les États-Unis. L'idée de perdre toutes les capacités de son ordinateur au moment où l'on s'éloigne d'une connexion à haut débit robuste sera difficile à faire accepter. On ne sait pas si, à un an de distance, Microsoft est toujours intéressée par ce projet basé sur le cloud alors que tous ses communiqués parlent d’intégration de l'IA. Mais, il y a fort à parier que l'entreprise travaille toujours sur cette idée.