François Fillon, le Premier ministre, l'avait annoncé lundi, en présentant la mise en oeuvre du plan France numérique 2012 ; c'est désormais chose faite : le gouvernement a posé la première pierre du chantier qui permettra à tous les Français d'accéder à Internet en haut débit d'ici à 2012. Mais, en publiant l'appel à manifestation d'intérêt qui inaugure ce 'haut débit universel', l'exécutif fait preuve de bien peu d'audace. En premier lieu, le gouvernement ne prévoit pas de contribuer financièrement à cette couverture de tous les ménages, en investissant dans le déploiement de nouveaux réseaux par exemple ; il se contentera de délivrer des labels aux offres des FAI (fournisseurs d'accès à Internet) répondant au cahier des charges. Ensuite, les caractéristiques techniques de l'accès haut débit dont pourront bénéficier les populations visées laissent sans voix tant elles sont éloignées de la réalité du Web de 2009 : le débit descendant peut se limiter à 512 kbit/s, contre 96 kbit/s en débit montant. Pire, les FAI auront tout loisir de limiter le volume des données échangées mensuellement à 2 Go en descendant, et 300 Mo en montant. La consultation de vidéos sur Youtube ou toute autre activité gourmande en bande passante ne seront pas au programme des « Français durablement exclus de la société de l'information », dont le gouvernement estime le nombre entre 1 et 2 millions. Et qui paieront au maximum 35 € par mois pour bénéficier d'une offre étiquetée 'haut débit universel'. L'appel à manifestation d'intérêt est ouvert jusqu'au 1er mars. Il vise à identifier les FAI désirant participer au programme gouvernemental et à recueillir leurs observations sur le cahier des charges.