Et si le jeu de Memory aidait à détecter des bots. Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de l'Etat de Caroline du Nord, NCSU, a jeté les bases pour élaborer un logiciel précis de détection de botnets. Les bots sont des applications qui exécutent des tâches automatisées sur Internet. Il existe des robots légitimes comme ceux qui extraient des documents sur des sites web depuis une requête, mais d'autres sont utilisés par des cybercriminels pour de multiples larcins sur le Net (fraudes, vols, spams,...).

Les scientifiques ont regardé d'abord s'ils pouvaient simuler les processus de pensée des personnes qui jouent au Memory (plusieurs appellations existent pour ce jeu allant de Concentration dans les pays anglo-saxon, à Mariages en France). L'objectif du jeu est d'avoir plusieurs cartes devant soi et de découvrir des paires. Pour se faire, une personne retourne une carte, puis en choisit une autre pour trouver une paire. « Ce jeu a été utilisé dans les manuels de psychologie pour améliorer la mémoire pendant plusieurs décennies », explique Robert St-Amant, co-auteur de l'étude intitulée « Modeling the Concentration Game with ACT-R ». Il ajoute que « personne, à notre connaissance n'a construit une analyse cognitive sur la façon dont les gens jouent à ce jeu ».

Une analyse cognitive du jeu en rapidité et en précision

Pour leur étude, les chercheurs ont recueilli des informations sur le processus de pensée en surveillant les parties en ligne de 179 personnes avec un jeu de 16 cartes. Les différentes parties ont été réalisées sur deux critères, 10 fois sur la précision et 10 fois sur la rapidité. Avec ce dernier point, les joueurs ont obtenu plus de points plus vite. Alors qu'en misant sur la précision, les joueurs étaient moins hésitants sur leur choix. Ces données ont ensuite alimenté un programme, baptisé ACT-R, qui simule le jeu, en intégrant la probabilité qu'un joueur moyen oublie l'emplacement d'une carte avant de s'en souvenir. Dans l'ensemble, ACT-R arrive à terminer une partie dans la même seconde quel que soit le critère choisi, précision ou vitesse.

« Nous pensons que les résultats sont assez bons », déclare Robert St-Amant. Cette recherche peut conduire à déterminer si une véritable personne participe à des activités, comme le vote en ligne par exemple. D'autres recherches seront nécessaires pour développer des programmes capables de détecter des comportements humains comme la façon dont le clavier ou la souris sont utilisés. Cela pourrait remplacer l'utilisation des logs et des adresses IP pour détecter les bots.