Gabegie, dérapages, surcoûts, le système d'information des ressources humaines de l'Education Nationale (SIRHEN) n'a pas été un succès comme grand projet informatique de l'Etat. Encore un, pourrait-on dire, en pensant à d'autres initiatives comme Louvois pour les militaires ou l'ONP (Opérateur national de paye) pour Bercy. En tout cas, une chose est sûre comme ses homologues, SIRHEN va les rejoindre au cimetière. En effet, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education Nationale, a décidé d'arrêter les frais de ce projet en déroute.

Au journal les Echos, il explique qu'il « apparaît clairement que le programme SIRHEN n'est pas parfaitement adapté aux enjeux de gestion des ressources humaines et technologiques d'aujourd'hui. Par conséquent, j'ai décidé de réorienter notre action vers un dispositif plus agile et plus efficace au bénéfice de notre mission de service public ». Le ministre met ainsi fin à un programme qui a vu le jour en 2007, estimé à 60 millions d'euros et qui devait se terminer en 2012. Or 6 ans après la date d'échéance, le progiciel n'assure toujours pas son objectif initial, soit la gestion des RH des enseignants (850 000 personnes), la préparation des rentrées scolaires et la répartition des moyens. Les états de service de SIRHEN actuellement ne gèrent que les personnels d'inspection (4 000 personnes) et les personnels de direction (14 000), soit 2% des effectifs totaux.

Des méthodes agiles aux modules dédiés

Reste que le coût pour la création de SIRHEN a dérapé fortement. De 60 millions estimés au départ, le budget atteint les 320 millions d'euros (le ministère ayant verrouillé le budget) plus de 10 ans après pour un piètre résultat. En 2015, la Cour des Comptes s'était inquiétée de cette fuite en avant budgétaire. Le ministère de l'Education Nationale avait alors tenté de sauver le programme en y injectant des méthodes agiles, la création d'une usine à logicielle, la modernisation des applications existantes. Un discours repris par Jean-Michel Blanquer, avec comme différence la mise à mort du projet initial.

En complément, la Dinsic (direction interministérielle des systèmes d'information et de communication) est à la manoeuvre pour faire que « chaque agent pourra disposer d'un accès direct à son dossier. Chaque grande fonction de gestion RH (mutations, affectations, évaluations...) fera également l'objet d'un module dédié », précise le quotidien économique. Si l'abandon est acté, une maintenance opérationnelle va être assurée en attendant la mise en place d'un nouveau dispositif. En espérant que ce dernier restera dans les clous budgétaires...