A l’heure où les interrogations se multiplient autour de l’impact des IA génératives sur l’emploi, une étude menée par Ifop pour le compte de l'ESN Talan met en lumière leur usage par les Français. Basée sur un échantillon de 1 008 personnes interrogées, force est de constater que cette technologie a bénéficié d’une grande médiatisation pour être connue de 71 % des sondés. Sans surprise, le premier nom qui leur vient en tête est ChatGPT d’OpenAI, suivi de Bing de Microsoft (motorisé par GPT-4) et Midjourney.

Près de 70 % d’usages des IA génératives hors contrôle

Côté usage, l’étude observe que 44 % des répondants se servent des IA génératives à la fois dans le cadre personnel et professionnel. Au sein de l’entreprise, ils sont 68 % à le faire sans en parler à leur supérieur hiérarchique. Ce chiffre est à rapprocher de celui d’une autre étude menée par Microsoft auprès de 31 000 personnes dans 31 pays où 70 % des répondants ont déclaré qu'ils délégueraient la plus grande partie possible des tâches répétitives à l'IA. Ils estiment le gain de temps à 2 journées complètes de travail. Un phénomène de shadow IT à la sauce GPT est-il en train d’émerger au sein des entreprises ? En tout cas celles-ci vont devoir rapidement s’emparer de cette question pour des raisons de confidentialité de données, de cybersécurité, etc.

Le cas Samsung en est l'exemple parfait : des salariés de la société se sont servis de ChatGPT pour corriger du code source qui s’est retrouvé ainsi exposé au public. Interdiction aussi dans certaines collectivités locales, comme à Montpellier où la direction des services a banni l’usage du chatbot d’OpenAI pour les agents et les prestataires. Ces derniers pourraient être tentés de facturer des jours de prestation alors que quelques secondes suffiraient à une IA générative pour la réaliser. De son côté, Talan reste plus mesuré et prône la mise en place de « stratégies préventives d’accompagnement des collaborateurs afin qu’ils se sentent libres de déclarer cet usage sans se sentir dévalorisés, mal jugés ou qu’ils craignent de perdre leur emploi ». Ces inquiétudes sont manifestes, en étant partagées par 68 % des sondés.

Un besoin criant de formation

Toujours dans cette étude, l’adoption des IA reflète un fossé générationnel. En effet, les jeunes de 18 à 24 ans sont 45 % à déclarer s’en servir et seulement 18 % pour les plus de 35 ans. Un constat que les entreprises ne doivent pas négliger sur le plan managérial, mais aussi sur l’aspect RH pour l’attraction et la rétention des talents.

La question de la formation devrait donc être cruciale dans les prochains mois. Un sujet à ne pas négliger car 72 % des Français estiment ne pas avoir les connaissances suffisantes pour utiliser les IA génératives. 51 % comptent sur l’école pour avoir un enseignement dédié et montrer les avantages et les inconvénients de ces technologies. Au sein des établissements, l’heure est plutôt à l’interdiction des ChatGPT et consorts jugés comme de la triche, délaissant ainsi un apprentissage et une utilisation de manière pertinente.