Cela ressemble à une véritable ruée vers l'or : les noms de domaines en .EU, accessibles aux particuliers depuis le 7 avril, ont fait l'objet de près d'un million et demi de demandes d'enregistrement au 12 avril à 12h22. Ce chiffre impressionnant cache d'importantes disparités entre les ressortissants des différents états de l'Union. Les Allemands arrivent en tête des demandeurs de domaines en .eu avec plus de 465 000 dépôts. Ils sont suivis par les Britanniques avec près de 300 000 domaines, contre un peu plus de 171 000 pour les néerlandais. A l'opposé, les français ne semblent pas gagnés par l'enthousiasme avec seulement 62 000 domaines, moins que les suédois (63 498), les chypriotes (73 490), et les italiens (86 483). Mais le succès des .EU est déjà entaché de problèmes techniques et de soupçons de manipulations peu avouables. En effet, les serveurs d'enregistrement de l'Eurid, responsable de la gestion du .EU, se sont effondrés le 7 avril au matin sous la charge des milliers de requêtes de noms de domaines, contraignant les dépositaires de noms de domaines au plus absolu bricolage. La règle du premier arrivé premier servi n'est en effet d'aucune utilité lorsqu'il devient impossible de vérifier la disponibilité d'un domaine. Aujourd'hui, le registrar GoDaddy évoque, par la voix de son P-DG Bob Parsons, des manipulations de concurrents pour favoriser leurs clients dans l'obtention d'un domaine. En principe, les registrars souhaitant revendre des domaines en .EU doivent s'enregistrer auprès de l'Eurid et faire un dépôt d'au moins 10 000 euros. Le système d'enregistrement de l'Eurid est conçu pour donner à chaque registrar un accès égal aux bases de données et des chances égales d'enregistrement d'un nom de domaine vacant. Selon Bob Parsons, des registrars auraient déclaré des filiales « fantômes » pour disposer de plusieurs places dans le système de file d'attente de l'Eurid et favoriser ainsi leurs clients : « ces registrars fantômes ont été créés pour détourner le rush du .eu », indique-t-il sur son blog. L'Eurid avait accrédité 1556 registrars pour l'ouverture du .EU lundi dernier. Parmi eux, certains affichent étonnamment les mêmes coordonnées, comme la petite dizaine de registrars nommés selon des noms de fleurs ou de fruits et installés à la même adresse à Starnberg, outre-Rhin. Bob Parsons demande à l'Eurid de suspendre les enregistrements de domaines en .EU jusqu'à que les registrars fantômes soient tous identifiés. De son côté, l'Eurid nie, par la voix d'un porte-parole, l'existence de telles sociétés écran : « Certains registrars ont le même propriétaire. Il y a des registrars européens qui ont des bureaux dans plusieurs pays et chaque filiale est un registrar, » a indiqué Patrik Lindèn, chargé de communication à l'Eurid.