S'il est évident que la crise sanitaire Covid-19 a entraîné de profondes modifications dans le fonctionnement des entreprises, il est intéressant de mettre des chiffres sur ces réalités et de mesurer effectivement quelles sont les réelles modifications opérées. Deux études ont été récemment réalisées, l'une pour le compte de l'éditeur Unit4, l'autre par le site d'emploi Cadremploi. Ces deux études montrent que, certes, la digitalisation a progressé, facilitant ainsi le télétravail, mais qu'il existe tout de même une part sombre à cette apparente avancée.

Ainsi, selon l'étude d'Unit4, 87 % des décideurs français considèrent que leur expérience du Covid 19 leur a permis d'accélérer la transformation digitale de leur entreprise. Au delà de la plus grande flexibilité de leur capacité de planification (40 % des répondants) et de l'augmentation du rythme des innovations (42 %), 48 % déclarent avoir accéléré leurs investissements dans la transition vers le cloud. Le choix des outils dans le cloud a plusieurs bénéfices qui sont bien reconnus : avoir la liberté d'accéder aux systèmes informatiques pour pouvoir travailler depuis n'importe où (40% des répondants), disposer de meilleurs outils collaboratifs (32 %) et, enfin, bénéficier d'une automatisation renforcée pour réduire leurs charges de travail (26%).

Une appétence au cloud pour faciliter le travail ubiquitaire

Si 59 % des utilisateurs français déclarent avoir été plus productifs durant le confinement et 82 % satisfaits de la façon dont leurs systèmes IT les ont aidés à optimiser leur travail, plusieurs évolutions des pratiques sont prévues. Cependant, 73 % des décideurs français estiment que les systèmes IT traditionnels sur site et les applications d'entreprise actuelles ne sont pas capables de s'adapter aux changements rapides, et pour cette raison, 87 % déclarent que le cloud offre une meilleure flexibilité, avec 77 % des personnes interrogées en France affirmant qu'ils s'attendent à ce que leurs applications d'entreprise soient intégralement basées dans le cloud d'ici deux ans

Même si 31 % des utilisateurs français se déclarent cependant rétifs au changement, 68 % des utilisateurs souhaitent garder la souplesse acquise et 87 % des décideurs envisagent d'encourager davantage le télétravail. Mais le télétravail vise aussi à accroître la productivité : 31 % des décideurs déclarent vouloir utiliser l'automatisation pour simplifier et accélérer les flux de travail et 38 % faciliter l'expérience utilisateur en rendant plus simples et intuitives les interfaces. Plus gênant, 40 % envisagent d'autoriser l'emploi d'outils actuellement « shadow IT » tels que Slack et WhatsApp (40 % des décideurs).

La part d'ombre du télétravail

Concernant le ressenti des cadres sur leur quotidien durant cette période, il faut se tourner vers l'étude de Cadremploi. 71 % des cadres déclarent pratiquer le télétravail dont 32 % quotidiennement, 39 % alternant présentiel et distanciel. Les cadres déclarent être aussi plus efficaces (65%), plus productifs (63%) mais aussi plus concentrés (63%). Si des impacts positifs sont reconnus sur le niveau de stress (35%) et sur le sommeil (34%), 47 % ont du mal à se déconnecter à la fin de la journée de travail. Il y a donc un danger effectif d'empiétement de la vie professionnelle sur la vie personnelle.

Ce n'est pas le seul point noir pointé par l'étude. Ainsi, si 88% des répondants estiment avoir un environnement de travail adapté à la pratique du travail à distance et 78% déclarent avoir un espace bureau chez eux, 54% notent un impact négatif du télétravail sur leur posture, avec les risques musculo-squelettiques associés. Et 47 % s'inquiètent de leur sédentarisation avec les impacts redoutés sur la santé.

Des difficultés managériales persistantes

Le deuxième confinement semble avoir été mieux préparé que le premier. 36 % des décideurs estiment d'ailleurs qu'il est plus simple à gérer que le premier. De leur côté, les cadres jugent en effet que leur supérieur hiérarchique (57%), leur direction (54%) et leur entreprise (59%) étaient prêts. Mais 56 % des entreprises ne souhaitent pas mettre en oeuvre le télétravail permanent, 34 % jugeant que c'est l'activité qui rend ce télétravail permanent impossible.

Par rapport au premier confinement, les cadres déclarent être plus inquiets (37%) et moins patients (25%). Côté management, la principale difficulté pointée reste la difficulté à maintenir le cohésion et la motivation (43%). Les personnes interrogées déclarent être plutôt confiantes pour leur secteur (79%), leur entreprise (77%) et leur emploi (76%). Elles affichent toutefois, comme de nombreux Français, une forte défiance quant au contexte sanitaire (79%), économique (85%) et au marché de l'emploi au global (80%).