De nombreuses fournisseurs cherchent à avoir leur part du marché de l'infrastructure cloud dans le monde, ainsi que le montre une enquête publiée hier par le Synergy Research Group. Mais celui-ci est actuellement dominé par quatre fournisseurs de service, tous américains. Et leur avance sur les autres concurrents est telle qu’ils contrôlent à eux seuls plus de la moitié du marché mondial. Cela dit, des opportunités existent pour les entreprises locales, notamment en Europe et en Asie.

Le Synergy Research Group fournit des données trimestrielles sur le secteur et en scrute la répartition en comptabilisant les revenus des fournisseurs par secteur et par région. A eux seuls, Amazon Web Services, Microsoft, IBM et Google contrôlent plus de la moitié du marché mondial des services d'infrastructure cloud. AWS, qui en détenait 31 % au second trimestre de cette année, arrive très largement en tête. Vient ensuite Microsoft, avec 11 %, IBM et Google pesant respectivement 8 et 5 %. Dans ses calculs, Synergy a comptabilisé les services d’infrastructure cloud (IaaS), de plateforme (PaaS), ainsi que les services d’hébergement de cloud privé. « Amazon et les trois grands autres acteurs ont creusé un gros écart avec la concurrence et ce décalage se poursuit », pointe John Dinsdale, analyste en chef et directeur de la recherche chez Synergy. « Ce qui fait vraiment la différence, c’est leur présence mondiale, un marketing musclé, la capacité d’engager d'énormes investissements dans les datacenters HyperScale et, dans la plupart des cas, une forte détermination à réussir sur ce marché ».

AWS loin devant, mais Microsoft et Google progressent fortement

De plus, comme le fait remarquer Synergy, les quatre principaux leaders affichent une croissance plus rapide que celle de leurs concurrents plus petits. Dans l'ensemble, le chiffre d’affaires des services d'infrastructure cloud des quatre grands acteurs ont augmenté de 68 % au second trimestre, alors que ceux des 20 plus gros fournisseurs concurrents n’ont augmenté que de 41 % au total. Quant aux chiffres d’affaires des autres petits fournisseurs, ils n’ont augmenté que de 27 %. Globalement, les ventes sur ce marché ont augmenté de 51 %.

Dans le Top 20, on trouve des fournisseurs européens comme Orange, chinois comme Alibaba ou japonais comme Fujitsu et NTT.

« AWS reste « un modèle de réussite », avec une nette avance dans toutes les grandes régions et dans la plupart des segments », explique Synergy dans son rapport. Cependant, Microsoft et Google affichent des taux de croissance sensiblement plus élevés : 100% pour l'un et 162% pour l'autre. Quant à IBM, il domine le segment de l’hébergement de cloud privé », note encore le Synergy Research Group.

Selon l’estimation du cabinet d’études, les recettes mondiales des services d'infrastructure cloud atteignent aujourd’hui près de 28 milliards de dollars. L’Amérique du Nord continue de représenter plus de la moitié du marché mondial. Même si les régions Europe/Moyen-Orient/Afrique et Asie/Pacifique sont équivalentes en taille, la zone Asie/Pacifique se développe plus rapidement. Les entreprises américaines sont souvent à la tête du peloton dans les marchés technologiques, mais la très forte domination exercée dans ce domaine est frappante, et ce n’est pas le fait du manque de concurrents étrangers. Dans le top 20 de Synergy, on trouve des fournisseurs comme Alibaba, Fujitsu, NTT, China Telecom, BT et Orange.

Peu probable qu'un fournisseur menace à lui seul l'innovation

Cependant, des questions de souveraineté des données et de protection de la vie privée dans le cloud ont suscité de vives préoccupations, notamment en Europe. En réponse, de nombreux fournisseurs de cloud ont construit des centres de données régionaux, et la mise en application récente du Privacy Shield, qui a succédé au Safe Harbor Agreement, promet de faciliter les transferts de données. « Néanmoins, la domination des États-Unis dans les services cloud pourrait créer des opportunités pour les fournisseurs de cloud locaux », a déclaré John Dinsdale. « J’espère que d’autres fournisseurs émergeront dans d'autres régions, en particulier en Asie, qu’ils se développeront rapidement et qu’ils deviendront de plus en plus concurrentiels », a renchéri Charles King, analyste principal chez Pund-IT. « Certains aspects politiques - comme c’est le cas en Chine par exemple - pourraient favoriser les entreprises locales et limiter l’intérêt des fournisseurs étrangers pour ces marchés ».

« À l'avenir, compte tenu de la taille et de la diversité du marché du cloud, il semble peu probable qu’un quelconque fournisseur finisse par dominer pleinement ce marché et menacer l'innovation ou le choix », a encore déclaré Charles King. Par contre, « nous pouvons voir que les fournisseurs s’emploient à développer des compétences dans des domaines d'expertise spécifiques », a-t-il ajouté. « C'est une très bonne chose pour les clients, puisque la plupart des services qui en résultent sont en phase avec les besoins réels des entreprises ».