La très importante manifestation pour la démocratie qui a eu lieu mardi dernier à Hong Kong a peut-être incité les censeurs chinois à bloquer plusieurs produits Internet étrangers, y compris des applications de messagerie comme Line et KakaoTalk, plus le service de stockage OneDrive de Microsoft. Les perturbations ont commencé en début de semaine, après le rassemblement du 1erjuillet à Hong Kong, où un demi-million de personnes a manifesté pour demander à la Chine de respecter son engagement d'instaurer le suffrage universel direct en 2017 pour élire le chef de l'exécutif de l'ancienne colonie. « Line continue d'enquêter sur les problèmes d'accès, mais n'en a pas encore identifié la cause », comme l'a déclaré aujourd'hui un porte-parole de l'éditeur.

Cette application de réseautage social japonaise, très populaire, permet aux utilisateurs d'envoyer des messages, des photos et de passer des appels vocaux. Mais depuis les pannes du 1er juillet, certains utilisateurs ont eu du mal à envoyer et à recevoir des messages avec l'application. De la même manière, Kakao, l'éditeur d'un autre produit de messagerie mobile appelé KakaoTalk, n'a pas pu vraiment identifier la cause des perturbations qui affectent son produit. Les utilisateurs dont l'application est déjà enregistrée peuvent toujours discuter en ligne et passer des appels vocaux, mais d'autres fonctionnalités, comme l'ajout de nouveaux amis, ne fonctionnent plus.

Microsoft mène l'enquête

Aujourd'hui, Microsoft a indiqué qu'il enquêtait également sur des problèmes d'accès à son service OneDrive en Chine. En effet, le site OneDrive de Microsoft est inaccessible depuis Pékin. Par ailleurs, le service de partage de photos Flickr de Yahoo est également bloqué depuis jeudi. Pour l'instant, la société de service n'a pas répondu aux demandes de commentaires de nos confrères du bureau de Beijing d'IDG NS sur ces perturbations. « On ignore le nombre d'internautes qui utilisent ces services en Chine, mais le blocage est probablement lié aux dernières manifestations pour la démocratie qui ont eu lieu à Hong Kong », avance pour sa part le site GreatFire.org qui surveille les actes de censure du gouvernement chinois sur Internet. « Il est possible que les censeurs chinois aient choisi de cibler ces produits pour empêcher le partage de photos », a indiqué le groupe dans un courriel.

Dernièrement, la Chine a intensifié la censure des services Internet étrangers. Il y a un mois, ce sont tous les produits Google qui ont été bloqués, à commencer par le moteur de recherche. Le gouvernement n'a pas encore fait de déclaration publique pour justifier le blocage des services de Google, mais ce n'est sans doute pas un hasard si ces blocages ont eu lieu à l'approche du 25e anniversaire des manifestations de la place Tiananmen du 4 juin 1989. Et mi-juin, ce sont les services de stockage dans le cloud du fournisseur américain Dropbox qui étaient bloqués.

Certes, en local, les internautes chinois ont encore pas mal de solutions de rechange pour pallier à ces perturbations, mais toutes respectent les strictes règles de censure imposées par le gouvernement. Baidu reste le moteur de recherche attitré du pays, et, avec près de 400 millions d'utilisateurs actifs par mois, WeChat est la plus grande application de messagerie mobile du pays. Certains internautes chinois ne se privent pas néanmoins de manifester leur mécontentement sur les sites de réseautage social locaux. « Nous avons besoin de Line », a écrit à plusieurs reprises un utilisateur sur la très populaire plateforme de microblogging Sina Weibo.