Professeurs à l'Ecole Normale Supérieure de Paris-Saclay et chercheurs à l'INRIA, Serge Abiteboul et Gilles Dowek sont des experts de la création et de l'étude des algorithmes. On oublie souvent ce que sont ces algorithmes : rien de plus que des recettes pré-définies pour traiter des informations, des données. Les algorithmes ne sont que des procédés définis pour résoudre un problème. Ils n'en demeurent pas moins sources de craintes et de fantasmes. Ou d'émerveillement. Le temps des algorithmes, que Serge Abiteboul et Gilles Dowek viennent de publier aux éditions Le Pommier, permet de remettre les choses à leurs places.

Commençant par rappeler ce qu'est un algorithme et combien ce concept est ancien, l'ouvrage s'attache ensuite à montrer comment ceux-ci sont utilisés. Y compris de manière déviante, par exemple pour donner l'illusion de l'indépendance à des quasi-salariés gérés par des plates-formes en ligne telles que Uber. L'algorithme peut cependant, en automatisant une série de tâches, rende obsolète l'intervention humaine, donc un emploi. Là encore, l'algorithme est un processus et aucunement quelque chose de magique. Il ne doit donc pas échapper à son créateur, il doit être sous le contrôle de l'humanité. Notamment lorsque l'algorithme prend des décisions voire gouverne. Il faut, comme le rappelle les auteurs, en particulier éviter « la médiocrité assistée par ordinateur », ou la déresponsabilisation. L'ouvrage s'achève par des considérations spéculatives autour de l'humain augmenté par l'algorithme, l'intelligence et la capacité à aimer par les algorithmes.

Se lisant facilement, avec quelques encadrés sur des personnages importants (comme Ada Lovelace) ou sur des concepts précis, Le temps des algorithmes permet de dépasser les fantasmes et de rappeler autant la réalité que les responsabilités de chacun. A l'ère de l'informatique reine, ce sont des mises au point très utiles.