«Sans appartenance politique partisane», les docteurs es sciences cherchent à faire entendre leur cause dans le concert d'interpellations faites aux présidentiables. Donnant ainsi écho aux promesses électorales de relance des investissements dans l'innovation et la recherche en tant que vecteurs essentiels du développement économique, un colloque est organisé par la confédération des jeunes chercheurs (CJC) vendredi prochain, 16 février, à Strasbourg, auquel est annoncée la participation de François Bayrou, de Corinne Lepage, de Ségolène Royal et, sous réserve, de l'UMP. Alors qu'un jeune docteur sur quatre (seulement) trouve place dans la recherche publique et l'enseignement supérieur, cette relance implique de toute évidence de ne pas cantonner le débat au seul financement par l'Etat de la recherche. Ni même aux suites à donner au « Pacte pour la Recherche » et à la mobilisation des chercheurs (Etats généraux de Grenoble de 2004). Comme le rappellent les chercheurs du mouvement «Sauvons la recherche », «le retard de l'innovation et de la recherche industrielle en France et en Europe est indiscutable... En proportion du PIB, la dépense nationale de R&D des entreprises a baissé de 7% depuis 2002 ». Une lettre ouverte de l'association nationale des docteurs es sciences (Andès, partenaire de la conférence du 16 février) enfonce le clou du retard de la France dans tous les domaines ayant grand besoin du recours de la médiation scientifique (services fondés sur la gestion de la connaissance, ou Knowledge-Intensive-Based-Services). Plus généralement, cette faiblesse aux interfaces du monde de la recherche et de l'entreprise et ce retard français ont «des causes multiples», comme le commente le collectif Sauvons la recherche. «Très peu de nos cadres et dirigeants industriels ont eu une formation par la recherche. Ce sont en général des ingénieurs, qui préfèrent recruter d'autres ingénieurs sortis des mêmes écoles professionnelles plutôt que des docteurs, alors qu'au niveau international, l'expérience en recherche est valorisée par le simple fait que le diplôme de référence est le doctorat. Plus généralement, il y a une dichotomie marquée entre les cultures de recherche et d'entreprise dans notre pays ». Mais que peuvent les politiques à cette relative indifférence du monde des entreprises? Aux uns et aux autres d'esquisser des réponses lors de ce colloque. En poste en entreprise Les «bac+8 et plus» en informatique, électronique et autres disciplines scientifiques associées (sciences de l'ingénieur, maths appliquées), plutôt mieux lotis que d'autres spécialités, puisque 51% se retrouvent en poste en entreprise trois ans après la thèse (étude Cereq 2005), n'échappent cependant pas à la menace de sous-emploi. Concernant ce secteur, l'Andès a répondu favorablement à la sollicitation de la fédération Syntec: « Nous prévoyons de participer avec le Medef à une opération « tour de France de l'innovation", qui s'étalera sur 3 ans, et qui devrait permettre de communiquer largement et efficacement auprès des entreprises sur l'intérêt de la recherche et des docteurs», confie Benoît Braïda, vice-président de l'Andès. A suivre.