Selon une récente étude menée par le cabinet Gartner, les dépenses IT en Europe devraient atteindre 1 400 milliards de dollars en 2026, soit une hausse de plus de 11 % par rapport à 2025. Ce dynamisme est principalement porté par l’accélération des stratégies de transformation informatique des entreprises, de plus en plus centrées sur la donnée, l’intelligence artificielle et l’automatisation. Le secteur des logiciels domine cette croissance avec une progression prévue de près de 15 %, pour un total de 335 milliards de dollars. Cette évolution s’explique par l’industrialisation du cloud, la généralisation des fonctionnalités d’IA générative et la montée en puissance des usages data dans tous les secteurs. « L’IA, le cloud et la cybersécurité constituent les principaux leviers du développement des investissements IT en Europe pour 2026 », constate John-David Lovelock, analyste chez Gartner. Malgré des budgets contraints et des équipes limitées, les directions informatiques privilégient l’achat de logiciels intégrant des fonctions exploitant des capacités IA, proposées par des fournisseurs comme Salesforce, SAP ou ServiceNow.

Pour une question de cohérence avec le texte, nous avons laissé les projections en dollars.
Les services IT constituent le premier poste de dépense sur le vieux continent, avec 540 milliards de dollars estimés et une hausse d'environ 10 %. Cette catégorie couvre l’intégration, la modernisation des applications et l’accompagnement dans le déploiement de l’IA. Le besoin d’adapter les systèmes d’information aux exigences du numérique souverain, via un rapprochement des services cloud, joue aussi un rôle majeur dans l’évolution de ce marché. Les infrastructures datacenters, quant à elles, bénéficient d’une croissance soutenue grâce au développement des serveurs intégrant des grappes de GPU pour le calcul IA. En Europe, le volume d’investissement devrait atteindre près de 47 milliards de dollars, reflétant une demande accrue pour des équipements capables de supporter de grands flux de données et d’alimenter les applications IA. « Face aux pressions réglementaires, aux enjeux concurrentiels et aux tensions géopolitiques, les États européens cherchent à garantir leur souveraineté technologique et le contrôle de leurs plateformes d’IA », analyse John-David Lovelock. À ses yeux, les plateformes développées localement sont appelées à devenir des infrastructures critiques.
Le marché des équipements progresse de plus de 10 %, porté par l’intégration de fonctions IA dans les PC, smartphones et autres objets connectés. Les fournisseurs ajoutent des composants de type NPU dédiés à l’IA, ce qui entraîne une hausse des prix, alors que de nombreuses flottes arrivent à échéance et nécessitent un renouvellement. Les services de communication affichent une croissance plus contenue, à environ 6 %. Ce segment reste mature et soumis à la pression sur les prix, bien que l’émergence de besoins en sécurité et en réseaux très performants puisse générer des opportunités ponctuelles. Gartner anticipe par ailleurs un rééquilibrage budgétaire : la part des dépenses opérationnelles dans le logiciel et les services continue de croître, pendant que les investissements en infrastructures physiques restent essentiels pour soutenir les projets de transformation. Le cabinet pointe cependant le risque d’une inflation technique : la valeur ajoutée réelle pourrait être inférieure à la croissance nominale affichée. La montée en puissance de l’intelligence artificielle soulève enfin de nouveaux enjeux : gouvernance des données, sécurisation, maîtrise des compétences ou encore pilotage énergétique. Ces défis pourraient complexifier la réalisation des projets IT dans un environnement européen marqué par l’incertitude.

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