Accentué par 14 mois de confinement, la pratique du télétravail grande distance a augmenté de manière significative en France. Pourtant, alors qu’un nouveau protocole sanitaire entre en vigueur le 9 juin, les demandes pour exercer depuis une autre région ou un pays sont toujours aussi nombreuses. C’est le constat d’une étude réalisée par Cooptalis auprès de plus de 500 DRH, chefs d’entreprise et cadres supérieurs de l’Hexagone.  Les résultats montrent en effet que 86 % des entreprises interrogées ont reçu des demandes de télétravail longue distance au cours des derniers mois et que 74 % des RH ont donné une réponse favorable à ces requêtes. La pression sur le marché de l’emploi – qui caractérise notamment le secteur IT – a favorisé l’acceptation des demandes, même si l’éloignement des ressources est important, analyse le groupe de conseil spécialisé dans la mobilité.  Ce dernier considère que les organisations de manière générale cherchent à trouver des compromis pour éviter la perte des talents. Pour preuve, 42 % des accords conclus sont à durée indéterminée. 29% des entreprises vont plus loin dans la mise en place de cette pratique en prenant en charge soit les frais liés au déménagement, soit l’ensemble du matériel de bureau (poste, connexion internet, chaises, …) tandis que 11% prennent les deux éléments cités ci-dessus en compte.  

52% des entreprises prennent en charge une partie des coûts de leurs télétravailleurs. (Source: Cooptalis. Crédit photo: Cooptalis)

L'Ouest et le Sud-Ouest, destinations clés

Du côté des lieux de prédilection, les choix des collaborateurs se portent avant tout sur le national avec une préférence de mobilité pour l’Ouest et le Sud-Ouest (43%), le Sud (29%), le Centre (16%) et le Nord (12%). Les pays frontaliers (Benelux, Suisse) sont également des destinations prisées de télétravail en Europe (29% des répondants). L’Afrique du Nord-Ouest (Egypte) ainsi que les Emirats (Dubaï) se confirment également comme propices (23% de salariés français ) Enfin l’Amérique Latine (17% d’expatriés ) avec sa culture et ses grands espaces séduit les populations les plus jeunes.

En France, l'Ouest et le Sud Ouest sont privilégiés pour travailler à distance.  (Source: Cooptalis. Crédit photo: Cooptalis)

Un contrôle de la qualité de vie encore peu pratiqué

Pourtant si le télétravail (longue et courte distance) progresse dans les entreprises, Cooptalis constate qu’une grande partie d’entre elles (58%) n’ont pas encore réfléchi ou mis en place des protocoles de vérification des conditions de travail. Alors que certaines entreprises sont déjà très matures (audit de la pièce, de la santé mentale, conseils envoyés régulièrement, vérification des matériels utilisés, des temps de pause à domicile), d’autres fonctionnent sans pratiques ni métriques de télé-management. Selon Stéphanie Duclos, DRH de Cooptalis, la collaboration à distance suppose en effet des prérequis en termes d’organisation, d’analyse et gestion des risques. « Pour une majorité des décideurs RH il est primordial de s’assurer des bonnes conditions d’exercice (locaux, connexion, équipements) des collaborateurs, maturité et autonomie notamment », a-t-elle souligné dans un communiqué.

En parallèle, les besoins en matière d’encadrement législatif restent importants. Myriam Plouzennec, DRH et business officer chez Holiworking, rappelle en conclusion de l’enquête « qu’il y a notamment des problématiques liées à la fiscalité, à l’immigration, au droit du travail français ou encore à la protection sociale du salarié ». Pour sa part Sophie Serizier, directrice marketing d’Expateo ajoute que « certains salariés sont partis se confiner à l’étranger sans en informer au préalable leur employeur, sans penser aux conséquences en matière d’assurance, de fiscalité et de pratiques managériales. Et d’insister sur l’importance « d’une démarche informative auprès de sa direction afin qu’elle puisse encadrer le télétravailleur, d’autant plus que les entreprises sont engagées sur le plan de la conformité ».