Pour son rapport 2021 State of Devops, Puppet a interrogé 2 657 professionnels techniques sur leur adoption continue des pratiques DevOps et agiles, partout dans le monde. « Depuis trop longtemps, un nombre élevé d’entreprises restent toujours bloquées au milieu de leur parcours DevOps, même si l’on constate quelques exemples d’équipes individuelles très avancées », ont noté les auteurs du rapport. Dans ce cadre, les sondés devaient indiquer à quelle étape elles en étaient de leur stratégie DevOps. En 2021, 18 % des personnes interrogées ont déclaré être très avancées et 4 % qu'elles commençaient tout juste leur évolution. Ce qui signifie que la grande majorité, soit 78 %, se trouve en milieu de parcours.

Les pratiques DevOps très avancées se traduisent généralement par des déploiements à la demande, avec des mesures de performance clés comme le délai de mise en œuvre des changements et le temps moyen de résolution (MTTR) décomptées en minutes et non plus en heures. « Chaque année, nous constatons qu'une grande partie des répondants ne franchissent pas la moitié du parcours. Et si dans les entreprises intermédiaires, l'équipe DevOps est optimisée, l'équipe des équipes ne l’est pas », a déclaré Nigel Kersten, directeur technique de Puppet, lors d'une conférence de presse. « Dans les entreprises plus importantes, le devops est devenu invisible, parce qu’il fait simplement parti de leur mode de travail et de livraison de logiciels ».

Les freins à la finalisation de la démarche DevOps

Le rapport note que la décomposition des charges de travail en microservices et l'utilisation de services cloud et d'outils d'automatisation ne garantissent pas une pratique DevOps très avancée. Parmi les éléments impactant, il y a aussi des facteurs culturels, par exemple, la difficulté à adopter une approche claire et cohérente, à fixer des objectifs efficaces et à mettre en place des mesures cohérentes. Ces facteurs empêchent souvent ces équipes d’adopter de véritables pratiques DevOps à l'échelle de l'entreprise. « Malgré tous leurs discours sur le DevOps et les initiatives financées, ces entreprises n'ont pas réussi à aborder ou à comprendre la question des changements culturels, organisationnels, ni celui du changement de processus, nécessaires pour travailler autrement avec la technologie », notent encore les auteurs du rapport. En bref, alors que ces entreprises disent qu'elles font du DevOps, elles n'ont pas encore vraiment internalisé tous les éléments nécessaires pour tirer pleinement parti de leurs équipes de développeurs et d'opérateurs plus en phases. « Elles ne se sont pas attaquées aux silos organisationnels et aux incitations divergentes concernant le déploiement de logiciels en production qui ont donné naissance au mouvement DevOps », indique aussi le rapport.

Parmi les autres obstacles auxquels sont confrontées ces entreprises de niveau intermédiaire, il faut mentionner également la pénurie de compétences (33 %), l'architecture héritée (29 %), la résistance au changement (21 %) et l'automatisation limitée ou inexistante (19 %). À l'extrémité supérieure de la courbe d'évolution, ces obstacles deviennent encore plus culturels que techniques, avec des boucles de feedback insuffisantes (18 %), des responsabilités peu claires (18 %) et l'absence de partage des meilleures pratiques (17 %), les plus cités par les répondants. Le rapport souligne également que l'adhésion et le leadership sont des facteurs très importants dans toute évolution DevOps. « Les entreprises les plus avancées bénéficient d'une transformation ascendante facilitée par le haut », indique le rapport. « Des équipes fortes peuvent créer des changements substantiels en leur sein et dans les équipes annexes, mais en l'absence d'un soutien significatif de la part des dirigeants, le succès restera confiné à des poches et il ne pourra y avoir d’évolution généralisée ».

L'automatisation, un élément clé du DevOps

Selon les résultats de l'enquête, l'automatisation du travail des ingénieurs est un élément clé du DevOps, et 90% des entreprises très avancées ont automatisé leurs tâches les plus répétitives. Mais, pour les sociétés au milieu de leur parcours, il reste encore beaucoup à faire, puisque seulement 62 % d'entre elles font état de niveaux élevés d'automatisation au sein de leurs équipes. Ainsi, sur l'ensemble des personnes interrogées, 58 % déclarent qu'il reste de multiples transferts entre les équipes avant qu'un service puisse être déployé. Mais l'automatisation à elle-seule ne suffira pas à faire passer les entreprises du niveau intermédiaire au niveau supérieur.

« En tant qu’industrie, nous nous focalisons fortement sur les aspects de l’automatisation du devops au détriment des interactions entre les équipes, de la rapidité du flux, de la collaboration et de l'optimisation de l'ensemble du système, et nous le faisons parce que la mise en place de l'automatisation est une tâche concrète et technique qui peut généralement être effectuée par un petit nombre d'équipes », note le rapport. Comme dans le rapport précédent, la présence d'une équipe interne dédiée à la plateforme a été de nouveau identifiée comme facteur important de la réussite du devops à l’échelle. « Quand les équipes de plateforme peuvent tirer parti de l'automatisation existante, elles peuvent accélérer les transformations du DevOps ».