Yves Eonnet et Hervé Manceron ont co-fondé une FinTech, TagPay, dans laquelle la Société Générale a pris une part croissante pour développer certains services bancaires digitaux, notamment en Afrique. Leur ouvrage, FinTech, les banques contre-attaquent, qui vient de paraître chez Dunod, est logiquement préfacé par Frédéric Oudéa, directeur général de la Société Générale. Mais ce « logiquement » n'était pas si évident il y a encore quelques années. Car le petit monde feutré de la banque n'aime guère être bousculé. Quant à être uberisé (même si ce mot n'a aucun sens), vous n'y pensez pas ! Les FinTechs ne se gênent pourtant pas pour disrupter, les néo-banques digitales pointant notamment leur nez (du compte Nickel à Orange Banque). Contrairement aux entreprises d'autres secteurs, les banques n'ont pas attendu sagement de mourir. L'ouvrage d'Yves Eonnet et Hervé Manceron explique leur renaissance à l'ère digitale. La banque est morte, vive la banque !

La préface de Frédéric Oudéa pose bien la problématique et comment cet emblématique patron d'une des plus grandes banques mondiales a mené la transformation de son propre groupe. L'expérience africaine, notamment, a montré comment les banques traditionnelles ont dû se réinventer ou être remplacées pour conquérir un marché peu bancarisé. Les auteurs détaillent cela dans leur ouvrage. Et cette expérience a des répercussions en Europe : lorsque les banques traditionnelles n'appliquent pas les leçons, d'autres s'en chargent. Pour couvrir les nouveaux besoins et les nouvelles approches, les banques ne doivent pas craindre de pactiser avec leur diable, les FinTechs, pour devenir « des partenaires en bonne intelligence des transformations positives » comme l'indique Frédéric Oudéa.

La banque, du colosse aux pieds d'argile au phénix

Pourtant, au premier abord, les banques vont bien, merci pour elles. Mais cet abord est trompeur. La crise des subprimes ne les a finalement pas abattues, du moins en Europe. Mais le digital le pourrait tant leur modèle économique classique est changé, la faute aux faibles taux des emprunts et à la chute des commissions sur les transactions. Il leur faut donc à la fois réduire leurs coûts et trouver de nouvelles sources de revenus tout en satisfaisant des clients aux attentes nouvelles. C'est à cette transformation que l'on assiste au fil des pages, se baladant aussi bien en Europe qu'en Afrique, ou comment les banques ont secoué leurs habitudes sclérosées, leur système d'information Legacy. Du moins les banques qui comptent encore.

Le sujet pourrait paraître rébarbatif mais les auteurs savent le rendre passionnant, le conduisant tel un récit de thriller. On est sur un champ de bataille et on voit Napoléon face à Wellington, enfin les banques face aux GAFA/BATX. Grouchy arrivera-t-il à temps ? Cette fois, les banques ont le pouvoir d'en décider, sauf quand on leur force un peu la main, comme l'Egypte. De « 50 nuances de régulation » à « GAFA, BATX, telcos... la menace fantôme », les auteurs se sont amusés à de multiples références cinématographiques dans leurs titres de chapitres. Car ils traitent avec un vrai sens du récit de la seule question qui vaille : la vie et la mort... des banques.

Lors de la CIOnférence OpenDSI : la DSI à la recherche de l'innovation, organisée par CIO le 20/11/2018 à Paris, Jean-Sébastien Goetschy, directeur architecture groupe Société Générale, témoignera au sujet de l'open-banking.