Les conséquences du bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine, sur fond de guerre commerciale ouverte, n'ont pas fini de faire trembler les entreprises entretenant des relations économiques entre ces deux pays. C'est notamment le cas des sociétés du secteur informatique et en particulier des fabricants de composants US Broadcom, Intel, Qualcomm et Xilinx qui estiment à plusieurs milliards de dollars les risques de pertes de revenus. Depuis le mois dernier, un décret signé du président américain Donald Trump interdit aux entreprises télécoms US d'utiliser des équipements fabriqués par Huawei.

Cette décision commence à peser sur le business de Huawei, ce dernier estimant à près de 30 milliards de dollars le manque à gagner cette année, condamnant son chiffre d'affaires à tomber à 100 milliards de dollars (télécom, infrastructures et mobiles), contre 125 attendu et 104 l'année précédente. Mais ce n'est pas tout car les fournisseurs américains du constructeur chinois ne sont plus - sauf autorisation spéciale - autorisés à vendre au fabricant chinois leurs composants. Cela constitue un problème de taille pour des sociétés comme Broadcom, Intel, Qualcomm et Xilinx qui craignent de voir s'envoler plusieurs milliards de dollars de contrats. En 2018, Huawei a dépensé dans l'achat de composants plus de 70 Md$ dont près de 11 milliards en provenance des Etats-Unis.

2 Mds$ de revenus en moins attendus pour Broadcom

« Pour les technologies qui ne concernent pas la sécurité nationale, il semble qu’elles ne devraient pas entrer dans le champ de cette décision. Et nous avons transmis cette perspective au gouvernement », a déclaré Jimmy Goodrich, vice-président de la politique mondiale au sein de l'association des fondeurs (SIA). Rien que pour Broadcom, cette restriction de ventes devrait constituer une perte de 2 milliards de dollars de revenus.

Huawei, contraint de stopper sa production de PC portables, doit également faire face à d'autres dommages collatéraux, comme le fait d'encaisser le retrait par Google de sa licence Android, ce qui ne va pas sans poser des questions de sécurité en termes de suivi des mises à jour et de support d'OS, tout comme ARM concernant les ventes de design pour ses puces. Mais aussi le fait pour le constructeur chinois d'être exclu de grandes organisations de fournisseurs tel que la WiFi Alliance ou encore la SD Association. Autant de nuages dans le ciel de Huawei dont le futur semble bien s'assombrir : pour l'année en cours, le CEO de Huawei Ren Zhengfei s'attend à une baisse qui pourrait aller jusqu'à 60% de son activité smartphones, et aucune embellie n'est attendue avant 2021.