Faire le point sur ce qu'aura été l'année 2016 pour le marché français des services informatiques, c'est notamment se pencher sur les fusions et acquisitions qui s'y sont déroulées. D'une façon générale, elles ont été plus abondantes qu'en 2015 qui fut une année assez calme sur le plan des rachats. Parmi les rapprochements effectués figurent, bien sûr, bon nombre de petites et moyennes opérations mais aussi des rachats de belle envergure. Nous vous en proposons ici un inventaire, non exhaustif, mais relativement complet.

Au chapitre des prises les plus importantes figurent la montée du groupe Mannai Corporation au capital de GFI Informatique. Depuis juin dernier, le groupe qatari possède 51% des actions de l'ESN française dont le chiffre d'affaires avoisinait près de 900 M€ en 2015. L'acquéreur est un groupe diversifié qui oeuvre notamment dans le secteur des technologies de l'information. Il entend développer la présence de GFI à l'international et plus particulièrement en EMEA. L'autre OPA qui a marqué 2016 est celle menée amicalement par la filiale française du spécialiste néerlandais de l'intérim Randstad sur l'ESN Ausy pour un peu plus de 260 M€. C'est sur cette société de services au 394 M€ de chiffre d'affaires que le groupe de travail temporaire compte s'appuyer pour se développer sur le marché français des prestations IT.

Les acheteurs étrangers bien représentés

En comparaison, le rachat entre ESN françaises mené par SII sur Feel Europe est bien plus modeste. Spécialisée sur les métiers du conseil en organisation des systèmes d'information, la cible de l'acquisition a réalisé en 2015 59 M€ de facturations avec un effectif d'environ 580 consultants. Sa fusion avec SII permet à cette dernière de devenir un groupe de plus de 5 500 collaborateurs qui table sur un chiffre d'affaires de 430 M€ à l'issue de son exercice en cours. Lui aussi spécialisé dans le conseil, le cabinet Octo Technology a fait l'objet d'une OPA amicale de la part d'Accenture qui propose 115 M€ aux actionnaires de la société française pour en prendre le contrôle. Il souhaite ainsi renforcer son pôle Accenture Digital avec le savoir-faire d'Octo Technology dans le domaine de la mobilité et du big data. A noter qu'Accenture est également entrée tout récemment en négociations exclusives avec Arismore en vue de racheter cet intégrateur français spécialisé dans les services de sécurité numérique, l'architecture d'entreprise et la conduite du changement.

Accenture, Mannai Corporation ou encore Randstad ne sont pas les seules entreprises étrangères à avoir fait leurs emplettes en France cette année. En témoigne la prise de contrôle de l'intégrateur Nomios, un spécialiste de la sécurité, par son homologue néerlandais Infradata en novembre dernier. Le batave n'étant pas directement présent sur le marché français, Nomios conservera son nom et une relative indépendance. Son acquéreur n'aurait aucun intérêt à briser la dynamique de l'intégrateur hexagonal dont les revenus ont progressé de 25% à 31 M€ en 2015. Par le biais de sa filiale locale, la SSDI britannique SCC a elle aussi jeté son dévolu sur un acteur français en faisant main basse sur l'intégrateur et opérateur lyonnais cloud Flow Line Technologies. Son objectif : Devenir le premier acteur du marché des services managés dans le cloud à destination des ETI.

Des acquisitions sources de diversifications ou de renforcement

Se renforcer dans l'infogérance et les services cloud est aussi un des buts que poursuivait le VAR bordelais Scriba en faisant entrer la société nantaise Pentasonic dans son giron. Il hérite ainsi d'un data center et d'une quarantaine de salariés supplémentaires. Cette acquisition porte virtuellement le chiffre d'affaires de Scriba à 38 M€ pour 2015. Ce sont à peu près les revenus que le gardois Groupe RDI a réalisés la même année, avant de se faire avaler par Spie ICS (ex- SPIE Communications) au printemps 2016. Ce dernier a ainsi renforcé sa présence dans le sud de la France ou RDI possède trois agences (Nîmes, Marseilles et Cannes) et 80 salariés. A noter que Concept ERP, la filiale de RDI dédiée à l'intégration de PGI, ne faisait pas partie de la transaction.

A l'inverse, l'activité ERP du cabinet de conseil Cleversys est bien entrée dans le giron du pôle Technology de l'américain Deloitte. Il lui apporte également des services d'externalisation de paie et des RH ainsi qu'une solution logicielle maison de pilotage des activités des clients. Ce sont aussi les progiciels qui ont suscité les convoitises du cabinet de conseil Talan pour EXL Group, un intégrateur qui réalise 40 M€ de chiffres d'affaires. Jusqu'ici Talan était présent sur le marché du logiciel à travers ses prestations de développements spécifiques. Le rachat d'EXL Group lui permet désormais de proposer aussi des logiciels du marché dans les domaines de la BI, du CRM et des PGI. Les revenus cumulés des deux entreprises représentaient 150 M€ en 2015. C'est exactement l'objectif de facturations annuelles que s'est fixé l'ESN Eurogiciel en rachetant le cabinet de conseil Alyotech (50 M€ de CA et 700 collaborateurs) pour renforcer son pôle systèmes numériques. La cible de l'acquisition se concentre sur les projets numériques des grands comptes des secteurs des télécoms, de l'aéronautique, de la défense et de l'automobile.

Retour de NextiraOne

Une myriade de rachats d'entreprises bien plus modestes ont également été réalisés l'an dernier. Parfois par des acteurs bien plus gros qu'eux comme ce fut le cas pour l'ESN parisienne Insyweb avalée par ITS Group (92 M€ de CA). D'autres fois par de belles entreprises régionales telles que Sigma Méditerranée qui a accru sa présence sur les marchés de l'intégration réseaux télécoms et de la vidéo-protection en rachetant IP Concept (Carcassonne) et Supervision IP (Toulouse). Ces deux petits poucets affichent un chiffre d'affaires d'environ 300 K€ chacun. Quant au groupe francilien DFM, il entamé son déploiement national en rachetant Resolutions, un bureauticien lyonnais doté d'un effectif de six personnes. L'entreprise a également repris la société ALIORsys (93) et ses neuf collaborateurs pour renforcer son activité infogérance. Notamment fort de ces acquisitions, DFM ambitionne de dégager 30 M€ de revenus en 2017.

Pour finir sur cette rétrospective des fusions acquisitions réalisées ces douze derniers mois, citons celle de l'ESN bordelaise CIS Valley par Alain Cadot. C'est peut-être la plus originale de l'année 2016 au sens où l'homme est également propriétaire de la holding Actual Invest qui est également la maison mère du grossiste girondin Actual Systems. Ce mélange des genres est assez rare même si les deux filiales sont censées rester indépendantes. Signalons enfin le retour à l'offensive de NetxiraOne. Sorti de l'ornière depuis son rachat par Butler Industries et la cession de nombreux actifs, l'intégrateur a repris son expansion en rachetant en juin son homologue parisien Nware (10 M€ de CA) pour renforcer sa filiale sécurité créée un mois auparavant.