La 36ème enquête réalisée par la Société des ingénieurs et scientifiques de France (IESF) auprès des anciens élèves des écoles d’ingénieurs françaises et des diplômés scientifiques (Bac + 5 et plus) révèle une population de 1 284 200 personnes au 31 décembre 2024, dont plus d’un million en activité. Du côté des secteurs les plus pourvoyeurs, l'industrie reste très dynamique avec 41 765 recrutements d’ingénieurs réalisés en France l'an dernier. Par ailleurs les autres activités tertiaires ont également connu une croissance notable avec 23 281 postes pourvus. Les SSII constituent également d’importants recruteurs avec toutefois un volume moindre de 73 69 embauches. 

À l’issue de la 1ère formation d’ingénieur, les filières de l’électronique et de l’informatique incluant les télécommunications, le génie logiciel et la cybersécurité sont les plus représentées avec 20% de jeunes diplômés. 

Spécialités choisies par les jeunes ingénieurs à l'issue de leur formation. (Crédit: IESF)

Des postes en études et recherche pour les jeunes diplômés

L’analyse de la répartition des ingénieurs pour les deux dernières promotions diplômées montre des mouvements très semblables à ceux de 2023. Le secteur de l'industrie et les activités du tertiaire étant considérés comme très attractifs, les jeunes diplômés se dirigent souvent vers ceux-ci. Au niveau des services et domaines, les postes liés aux études et à la recherche accueillent souvent les nouveaux diplômés. 

Secteur d'activité choisi par l'ensemble des ingénieurs et ceux des deux dernières promotions. (Source; IESF)

Un tiers des recrutements d'ingénieurs en Ile-de-France

En 2024, l’Île-de-France était de loin la région ayant recruté le plus grand nombre d’ingénieurs (40 251 ingénieurs), représentant 33% des embauches sur cette profession en France métropolitaine. Elle est suivie de loin par Auvergne-Rhône-Alpes qui représente 16,1% des postes pourvus, soit 19 639 ingénieurs engagés. A l’inverse, la Bourgogne-Franche-Comté, la Normandie et le Centre-Val de Loire sont les territoires ayant le moins recruté de professionnels l’an dernier. 

En quasi plein emploi, les ingénieurs ont un taux de chômage inférieur à 3% entre 30 et 54 ans. Toutefois, le taux d’ingénieurs de 25-29 ans en recherche active d’emploi est toutefois de 6,1%, en hausse de 0,7 points par rapport à 2023. Par secteur, celui des SSII affiche le plus haut niveau d’ingénieurs sans emploi, soit 5%. L’IESF observe que la Bretagne affiche le pourcentage le plus élevé de demandeurs d’emplois dans ces métiers, soit 5,2%, tandis que la Nouvelle Aquitaine enregistre le chiffre le plus bas, à 2,4%.

Taux de chômage des ingénieurs par tranche d'âge. (Source: IESF)

Une pénurie d'ingénieurs et des salaires trop hauts

Dans le même temps, les tensions sur le marché de l’emploi des ingénieurs persistent. Seulement 31% des répondants n'ont pas rencontré d’obstacles particuliers pour recruter. Pour ceux qui subissent des difficultés, les principales raisons sont le manque de profils disponibles sur le marché de l'emploi (65%) et des exigences salariales trop élevées (43%). Les ingénieurs d’études sont les plus cités (44%), suivis par les chefs de projet (24%) et les profils d’experts (18%). S’agissant du salaire annuel brut médian en France, celui des ingénieurs était de 67 000 euros fin 2024, présentant une augmentation de 4,7% par rapport à 2023. En Île-de-France, les revenus sont généralement plus élevés, avec par exemple 77 998 € en SSII. On observe une décote d’environ 20% en régions.

Les raisons expliquant les difficultés à recruter des ingénieurs. (Source: IESF)

Des exigences sur l'IA

En parallèle, l’IESF relève des attentes élevées chez les ingénieurs sur l’usage de l’IA. 73% utilisent cette technologie dans leur travail. Parmi eux, 37% se tournent principalement vers elle pour la conception et 34% pour l'analyse de données. L’automatisation des tâches répétitives ou complexes est la plus attendue, avec une moyenne de 8,1 sur 10. Améliorer l’efficacité des projets en simplifiant les tâches est également une priorité, avec une moyenne de 7,3. Les risques de sécurité sont la principale préoccupation, avec une moyenne de 7,8. Les craintes sur l’éthique, tels que l'influence des biais et l'opacité des algorithmes, sont également très préoccupantes, avec une moyenne de 7,7.