La virtualisation du réseau est une des grandes tendances actuelles de l'IT et quand Cisco en parle, on entend distinctement le terme LISP. Cet acronyme signifie Location/Identifier Separation Protocol (Location/Identifier Separation Protocol), protocole de séparation identifiant et localisation. Cette méthode a été développée par Cisco en 2009 et permet de réduire le nombre d'entrées dans les tables de routage BGP des routeurs de coeur de réseau quand les entreprises partagent le trafic entre plusieurs opérateurs.

LISP propose un mécanisme de tunnel de « carte et encapsulation » entre les routeurs de périphéries et ceux du coeur de réseau. Le protocole sépare les blocs d'adresses IP à travers deux fonctions, une pour identifier les systèmes utilisant les adresses IP, l'autre pour localiser où ces systèmes se connectent. Cette technique permet aux routeurs de périphérie d'agréger des informations de localisation qui ne seront pas stockées dans les équipements de coeur de réseau. Les promoteurs de LISP voient déjà plusieurs applications intéressées par ces avantages, le multihébergement, la mobilité, l'allocation de VPN en self-service et la virtualisation du réseau. Pour ce dernier, le protocole va permettre aux terminaux mobiles de garder leur identification tout en changeant de lieux. L'adresse IP séparée devient alors un élément virtuel de niveau 3 dans le réseau physique de l'entreprise. Par comparaison, LISP travaille un peu de la même manière que la gestion de l'adresse IP par les réseaux cellulaires quand l'utilisateur bascule en itinérance sur plusieurs réseaux de différents opérateurs.

Cisco prévoit d'intégrer LISP dans ONE sa vision de la virtualisation du réseau. Il pourrait servir de protocole de contrôle entre les bases de données et la gestion des applications. Il pourra  interagir avec le contrôleur  de programmation Cisco ONE des routeurs et des commutateurs. LISP est déjà intégré dans les routeurs ISR et ASR 1000. L'équipementier avait prévu de l'insérer dans l'ASR 9000 à la fin 2012 et à la mi-2013 pour les switchs Catalyst. Les Nexus 3000 et 5000 sont aussi attendus à la fin 2013.

Un cas client de LISP


NJEDge.Net, un consortium à but non lucratif regroupant des institutions universitaires et de recherches, a utilisé LISP, comme une superposition de réseau virtuel entre les différents opérateurs dans une offre de multi-hébergement. Beaucoup de membres du consortium ont acheté des liens haut débit chez différents opérateurs pour des raisons de continuité de service. Mais en raison de l'utilisation de BGP pour équilibrer les charges de trafic entre les opérateurs, les membres de NJEDge.Net achetaient plus de bande passante que nécessaire. « Ils ne vont pas acheter un second lien alors qu'ils ont un ratio de trafic de 80/20 », explique Jim Stankiewicz, directeur de l'ingénierie Internet pour NJEDge.Net.

Ils ont utilisé LISP pour migrer des applications, des ressources réseau ou des terminaux entre les opérateurs sans avoir à perdre la connectivité. Le protocole a permis aux utilisateurs de rester connectés même quand la charge de travail est équilibrée entre les opérateurs. Le consortium a également évalué LISP dans le cadre d'un PRA, car le protocole peut déplacer des ressources d'un datacenter comme les machines virtuelles vers un autre datacenter avec la même connectivité. « Les membres veulent des applications ou des serveurs qui s'exécutent dans des lieux différents sans avoir besoin de modifier les DNS ou le routage » explique Jim Stankiewicz.