Un employé sur quatre ne se sent pas en sécurité dans son poste actuel et près de la moitié d'entre eux prévoient d'explorer d’autres options d'emploi en 2023, selon un rapport publié récemment par isolved qui indique que le phénomène de grande démission bat son plein. Au cours de l'année écoulée, plus de 4 millions de travailleurs ont quitté leur emploi chaque mois, selon le Bureau américain des statistiques du travail. Le rapport, réalisé par le fournisseur de logiciels de gestion des ressources humaines isolved, indique que le meilleur moyen pour les employeurs d'améliorer la culture d'entreprise et de fidéliser leurs collaborateurs est de les rémunérer à leur valeur marchande. « Ce n'est pas une surprise, étant donné que les lois sur la transparence salariale sont passées au premier plan, et que la pression est sur les employeurs pour éliminer les inégalités salariales au sein de leurs organisations », a déclaré isolved dans son rapport.
« Les données montrent que les employés sont plus anxieux, épuisés et axés sur la sécurité financière que jamais », indique James Norwood, directeur de la stratégie d'isolved, dans un communiqué. « Pour lutter contre ces préoccupations, les départements RH de toutes tailles doivent évaluer ce qu'ils peuvent automatiser et gagner en efficacité, améliorer ce qu'ils peuvent pour améliorer l'expérience des employés, et étendre l'impact de leur équipe ». L'étude d'isolved coïncide avec un deuxième rapport du site d'emploi en ligne Hired. Selon ce dernier, il s'est avéré difficile d'attirer, d'embaucher et de retenir les meilleurs talents, en particulier au cours des six derniers mois de 2022, la volatilité du marché ayant entraîné des changements considérables dans le paysage de l'embauche.
Un meilleur salaire est la première des raisons pour lesquelles les employés cherchent un autre emploi. (Crédit : isolved)
Le secteur technologique subit de lourdes pressions
Selon Hired, les processus d'embauche inefficaces, truffés d'étapes disjointes et de redondances, sont un fléau pour les entreprises depuis des années, exacerbant les problèmes d'embauche en minant les filières de recrutement et en provoquant l'attrition des candidats. Et comme de plus en plus d'entreprises ralentissent ou interrompent leurs recrutements, les processus défaillants pourraient laisser passer les meilleurs talents. Hired a également cité l'épuisement des collaborateurs comme un défi majeur, en attribuant la faute aux changements rapides de l'environnement de l'emploi et à l'angoisse suscitée par les licenciements massifs et le gel des embauches.
En novembre, près d'une douzaine de grandes entreprises ont annoncé des licenciements massifs, dont Amazon, Meta, Cisco, HP, Oracle, Salesforce - pour ne citer qu’eux - et ces vagues de départs ont touché des milliers de travailleurs. Les experts estiment que ces licenciements, qui durent depuis trois mois, sont principalement dus à de mauvaises stratégies d'embauche pendant la pandémie de Covid-19. Beaucoup de ceux qui sont licenciés aujourd'hui ont été embauchés par des managers paniqués, inquiets de la pénurie de talents causée par la grande démission et les efforts accrus de numérisation.
Le marché reste fort, le chômage au plus bas
Josh Brenner, PDG de Hired, a déclaré que les données de son entreprise montrent que le marché des talents technologiques est toujours incroyablement fort pour les entreprises qui se développent et embauchent activement. « Ce qui est essentiel, c'est que ces entreprises restent engagées dans des pratiques d'embauche équitables, efficaces et transparentes dans ce macro-environnement en constante évolution », a-t-il affirmé. Le chômage dans le secteur des technologies est proche de son plus bas niveau historique ; le mois dernier, il est passé de 2,2 % en octobre à 2 %, selon CompTIA, une association à but non lucratif pour l'industrie et la main-d'œuvre IT.
« Le rapport sur l'emploi dans le secteur des technologies, qui a été publié plus tôt que prévu, confirme qu'il y a encore beaucoup plus d'employeurs qui recrutent des talents dans ce secteur que d'employeurs qui en perdent », a déclaré Tim Herbert, directeur de la recherche de CompTIA. « Il est certainement prématuré d'écarter les inquiétudes sur la santé de l'économie, mais cela devrait être un signe rassurant pour la main-d'œuvre technologique ». Pour son rapport, isolved a interrogé un peu moins de 1 000 salariés américains à temps plein dans divers secteurs au cours du quatrième trimestre pour découvrir comment les employeurs peuvent améliorer l'expérience des employés en 2023. isolved, qui compte environ 145 000 employeurs clients dans le monde entier, a déclaré que les équipes de RH des entreprises doivent améliorer la communication interne, investir dans de meilleures opportunités de formation des employés et offrir des conditions de travail plus flexibles.
Les équipes RH des entreprises doivent améliorer la communication interne. (Crédit : isolved)
Un turn-over élevé
Il s'agit de la troisième enquête annuelle d'isolved sur les préoccupations et les attitudes des travailleurs. Dans l'étude de l'année dernière, près de la moitié des employés (47 %) ont déclaré être tentés de postuler un nouvel emploi en 2022, soit à peu près la même chose qu'en 2021 (52 %). « L'une des raisons logiques de la persistance de la grande démission est que les employés ne se sentent pas soutenus financièrement et émotionnellement au travail », a déclaré isolved. Sur les 37 % de personnes interrogées qui ont effectivement postulé un autre poste l'année dernière, 60 % ont changé d'emploi, a indiqué isolved. La raison principale : 62 % voulaient un salaire plus élevé ; 32 % recherchaient de meilleurs avantages sociaux (32 %) ; et 25 % voulaient plus de flexibilité dans le travail.
A la question "qu'aimez-vous le plus dans votre travail ?", les sondés ont donné la priorité aux relations avec les autres salariés, les bénéfices liés et leur travail quotidien. (Crédit : isolved)
L'une des raisons possibles de la persistance d'un turn-over élevé est que les salariés ne se sentent pas soutenus pour gravir les échelons de leur organisation. Selon isolved, 21% estiment qu'il n'y a pas de place pour la croissance au sein de leur entreprise et 59% pensent que leurs employeurs pourraient faire davantage pour faire avancer leur carrière. « Les employeurs reconnaissent que la meilleure façon de tirer le meilleur parti des employés est d'investir dans le développement de leurs compétences », indique isolved. « Alors que 46% des employés déclarent que leur employeur offre des possibilités de montée en compétence - en développant leurs compétences actuelles - il y a une marge d'amélioration ».
L'attrait du travail à distance
Environ sept employés sur dix (68 %) qui peuvent travailler à distance disent qu'ils espèrent travailler à domicile plus souvent qu'avant la pandémie, selon une enquête Future Of Work réalisée par Forrester Research au début de l'année. Malgré cela, certaines entreprises, y compris de grands noms comme Goldman Sachs, imposent le retour au bureau. Ce genre d'initiatives pourrait entraîner des conflits. « En 2023, nous prévoyons des confrontations aiguës au sein des entreprises qui n'écoutent pas et ne collaborent pas avec les employés dans l'élaboration des politiques de travail hybride », a déclaré Forrester. « L'adhésion aux politiques de bureau est déjà sommaire au mieux, et la menace d'attrition se profile ». Comme l'incertitude économique liée à une éventuelle récession future entre dans le calcul du « travail n'importe où », Forrester s'attend à ce que 40 % des entreprises pratiquant le travail hybride tentent d'annuler leurs politiques de travail à distance - en demandant essentiellement aux salariés de venir au bureau plus fréquemment.
« Ne faites pas partie des 50 % d'entreprises qui se battront contre leurs employés et subiront une perte de productivité en raison de l'agitation sociale », avertit Forrester dans son rapport. Le rapport de Hired, intitulé « 2022 List of Top Employers Winning Tech Talent », a mis en lumière les entreprises américaines et britanniques qui ont su embaucher et fidéliser leurs salariés. En Amérique du Nord, Path (élue meilleure petite entreprise), Devoted Health (meilleure entreprise de taille moyenne) et Google (meilleur entreprise) sont citées comme les trois meilleures sociétés répondant à ces points. Au Royaume-Uni, Thriva (meilleure petite entreprise), Zopa Bank (meilleure entreprise de taille moyenne) et EF Education First (meilleure entreprise) font partie du classement.
Un gros effort sur la transparence, l’équité et l’efficacité
« Nous avons évalué toutes les entreprises actives sur notre plateforme en fonction de trois valeurs fondamentales identifiées comme essentielles pour les employeurs afin d'attirer, d'embaucher et de retenir les meilleurs talents : l'équité, l'efficacité et la transparence », a déclaré Hired. Les entreprises nord-américaines - des startups aux entreprises - ont été plus équitables et plus efficaces cette année qu'en 2021, beaucoup d'entre elles ayant réduit le temps nécessaire à l'embauche et à l'intégration d'un employé. L'embauche à distance, y compris la recherche de travailleurs en dehors des pôles technologiques traditionnels, a élargi l'entonnoir des talents pour les entreprises et a renforcé leur capacité à trouver et à proposer rapidement des offres aux demandeurs d'emploi avant leurs concurrents ; cela était particulièrement vrai sur des marchés auparavant saturés. Les petites et moyennes entreprises (PME) nord-américaines figurant dans le top 10 se sont distinguées par leur utilisation des objectifs de diversité, les entreprises envoyant 15 % de plus de demandes d'entretien à des candidats sous-représentés qu'en 2021.
Hired a relevé plusieurs problèmes et a recommandé aux entreprises de les aborder dans l'année à venir. La transparence est le premier point soulevé. Plusieurs États américains, ainsi que le Royaume-Uni, ont ou vont adopter des lois obligeant les entreprises à divulguer ou à publier les fourchettes de salaires. Une meilleure transparence des salaires pourrait aider à combler les écarts salariaux entre les candidats sous-représentés et leurs homologues masculins blancs. L'équité vient en second : les licenciements massifs ont touché de manière disproportionnée les employés des RH et les équipes DEI, menaçant de réduire à néant des années de progrès pour des cultures d'entreprise et des pratiques d'embauche plus équitables. Enfin, l’efficacité fait partie des problèmes rencontrés régulièrement en entreprise. L'inefficacité des processus d'embauche menace depuis longtemps les efforts de recrutement. Les filières d'embauche et la marque employeur d'une entreprise sont toujours en danger en 2023.
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