« Je ne pense pas que Microsoft soit le vrai danger, et en fait, je pense que Microsoft et la communauté Linux finiront par combattre du même côté de la barrière. » Réagissant à la polémique soulevée par l'article de Fortune, qui laissait entendre que Microsoft allait poursuivre en justice la communauté Open Source pour violation de 235 de ses brevets, Mark Shuttleworth, fondateur d'Ubuntu, explique sur son blog que Microsoft et les partisans du Libre ont finalement des intérêts convergents. « Je suis sûr que d'ici quelques années, Microsoft sera lui-même un adversaire résolu des brevets logiciels. Pourquoi ? Parce que Microsoft doit lancer de nouveaux logiciels chaque année, et que les brevets logiciels représentent des mines sur leur 'roadmap' », écrit Mark Shuttleworth. Qui explique en outre que Microsoft a les moyens de payer... et n'a pas d'autre choix que de le faire en cas de procès. Et que l'éditeur l'a déjà fait plusieurs fois. Microsoft fait du lobbying à Washington pour réformer le système En fait, il apparaît que Microsoft est déjà engagé contre le système actuel. Une équipe de l'éditeur, à Washington, appuie fermement un projet de loi réformant le système de propriété intellectuelle. Le projet est ainsi passé la semaine dernière des discussions en sous-comité à un examen en comité plénier. Ce projet de loi est soutenu par une coalition d'acteurs regroupés sous la bannière « Coalition for patent fairness ». Microsoft y figure, au côté d'autres grands acteurs du logiciel comme Oracle, SAP, Adobe, CA, EMC, Sun, HP ou Red Hat. La coalition rappelle que le système américain des brevets a pour l'essentiel été constitué dans les années 50, et n'est pas adapté à la réalité économique d'aujourd'hui. Elle ne veut surtout pas éliminer la protection de la propriété intellectuelle, mais appelle plutôt à une réforme limitant les risques de procès : « Le système actuel laisse les entreprises et les consommateurs américains en situation de désavantage. L'économie américaine est de plus en plus impactée par les conflits sur les brevets coûtant des milliards de dollars qui pourraient être investis dans la création d'emplois, le développement de nouvelles innovations [sic], permettant aux client de réaliser des économies et aux actionnaires de voir leur capital croître. » Le danger pour Mark Shuttlewoth : les simples détenteurs de propriété intellectuelle Et la coalition de dénoncer ceux qui abusent du système, tout comme Mark Shuttleworth le fait sur son blog. Sauf que ce dernier donne un exemple : Nathan Myhrvold, ancien directeur technique de Microsoft, aujourd'hui à la tête d'une entreprise dont le but est de collecter des brevets, Intellectual Ventures. Mark Shuttlewroth écrit ainsi : « Je m'attends à ce que quelqu'un un jour attaque Linux sur la base des brevets, mais je vois moins Microsoft démarrer une guerre de tranchées que quelque détenteur de propriété intellectuelle totalement déconnecté de la création de logiciels. » Dans un autre style, Jonathan Schwartz, le patron de Sun, explique sur son blog le ridicule qu'il y aurait à attaquer l'Open Source sur la base des brevets. Tout en se disant prêt à faire usage de son propre arsenal de brevet pour défendre Red Hat et Ubuntu, le cas échéant. Sur le même sujet : Lire aussi Novell soutient la croisade de l'EFF contre les brevets logiciels, et notre dossier complet sur le sujet : Microsoft tente de transformer Linux en épouvantail