Après la drôle de guerre, le drôle de salon ? Ayant ouvert ses portes ce lundi 17 octobre, le Mondial de l'Auto 2022 ne ressemble en rien à la précédente édition de 2018. Si les chiffres de fréquentation ne sont pas encore tombés, le fait que le salon abandonne sa présence dans le Pavillon 1 du parc des Expositions de la Porte de Versailles (Paris) est un signe qui ne trompe pas. « Ce n'est pas un problème, en plus il est vieillissant », nous a glissé un membre de l'organisation comme pour minimiser la situation. Les multiples crises (du Covid à la pénurie de puces en passant par l'inflation et des difficultés d'approvisionnement) ont bien sûr perturbé cette industrie avec un impact direct sur le nombre d'exposants qui a subi une réelle cure de minceur.
Des absents de taille sont ainsi à signaler pour cette édition du Mondial de l'Auto 2022. Ainsi, ne se sont pas déplacés les français Citroën et Bugatti (groupe Rimac), ainsi que l'ensemble des constructeurs allemands ce qui en dit long sur la morosité ambiante qui frappe le secteur. Ainsi aucune marque du groupe Volkswagen n'a pointé le bout de sa calandre : Audi, Seat, Cupra, Skoda, Bentley, Porsche et Lamborghini ainsi que BMW et Mercedes. Dans la galaxie Stellantis (fruit de l'alliance PSA Peugeot-Citroën et de Fiat Chrysler Automobiles) plusieurs marques sont également aux abonnés absents : Alfa Romeo, Fiat, Lancia, Maserati... Cette défection de constructeurs européens tranche en tout cas avec la forte présence des constructeurs asiatiques chinois et vietnamiens en particulier qui arrivent sur le marché français. BYD, Ora Wey, ou encore Seres, proposent en effet des modèles attractifs de véhicules tant du point de vue des performances que du prix. Sans toutefois répondre aujourd'hui clairement à la problématique de service après-vente et de garages auxquels répondent sans aucun souci les constructeurs nationaux dont la qualité du maillage de leur réseau n'est plus à faire.
DS Automobiles (groupe Stellantis) présente de nombreux modèles de véhicules dont son concept car E-Tense Performance. (crédit : D.F.)
Pas de fin de crise des composants avant 2025 ?
Du côté des constructeurs français comme Renault, la pénurie de puces est en tout cas une préoccupation et source d'inquiétude dans un contexte où elle ne devrait pas être levée avant de longs mois : « c'est assez difficile de s'engager sur une date de sortie de crise », nous a expliqué un porte-parole du groupe automobile. « On adapte notre offre produits sur certains modèles pour réduire la consommation de composants. C'est une situation très tendue mais je ne sais pas si on pourra s'attendre à des embellies d'ici 2024 ou 2025. On fait au mieux dans un contexte qui n'est pas simple ».
Pour continuer à répondre à la demande de ses clients dans des délais les plus courts possibles, Renault réduit le nombre de composants, comme par exemple remplacer les tableaux de bord numériques par de bons vieux compteurs analogiques, à aiguilles. Le français n'a en tout cas pas peur de la concurrence étrangère : « L'émergence de l'industrie chinoise en Europe est assez nouvelle avec l'électrique. Depuis 40-50 ans on a l'habitude de nouveaux entrants japonais et coréens. Il y a un danger, ils se développent vite. Mais cela fait 10 ans que l'on est sur l'électrique, on a une maturité du réseau, une capacité d'entretenir et de donner une seconde voire troisième vie à nos véhicules. Cela nous bouscule mais la concurrence est saine et nous amène à réfléchir davantage. Mais en termes technologique, nous n'avons rien à leur envier, on maitrise nos batteries, les moteurs que l'on produit sans terre rare et nous avons des icones dans nos gammes », poursuit le porte-parole. Renault compte par ailleurs continuer à développer dans ses futurs véhicules son partenariat avec Google Automotive Services, sur la base de très bons retours issus de sa dernière Megane électrique et sur sa nouvelle Austral. Des partenariats applicatifs pour enrichir cet infotainment sont en cours avec une généralisation sur l'ensemble des modèles actuels au fur et à mesure des lancements à venir.
Présent sur Vivatech 2022, le prototype du prochain Scenic de Renault fait aussi le déplacement sur le stand du constructeur français sur ce Mondial de l'Auto. (crédit : D.F.)
Les constructeurs asiatiques en force
Parmi les conquérants chinois du marché français automobile, on trouve notamment le constructeur ORA qui commercialise actuellement sa « Funky Cat », une voiture électrique proposée en deux versions (normal et TT) dont l'autonomie varie de 300 à 400km. Pour l'instant, le groupe ne propose de conduite autonome et préfère, selon un porte-parole du constructeur interrogé sur le salon, aller sur le marché « étape par étape ». Cette citadine repose sur son propre système d'infotainment avec pour la cartographie Here, faisant l'impasse sur l'américain Maps de Google. ORA met par ailleurs en avant le fait d'avoir développé et produit son propre système de propulsion et de transmission (power train).
La citadine électrique « Funky Cat » d'ORA séduit apparemment la cible de conductrices et pourquoi pas aussi les fans de la Beetle de Volkswagen ? (crédit : D.F.)
Le Viêtnam n'est pas qu'une terre de carte postale. Son industrie automobile veut aussi croquer des parts de marché en France, à commencer par Vinfast. Créée en 2017, cette marque a présenté sur son marché domestique trois véhicules thermiques. Le groupe a construit depuis son usine en 21 mois et accéléré dans l'électrique. Depuis début 2022, le groupe a annoncé cinq modèles électriques et prépare la fin des thermiques dès cette fin d'année. « Nous sommes implantés aux Etats-Unis, au Canada et en Europe en France, en Allemagne et aux Pays-Bas », nous a expliqué une porte-parole de Vinfast. « On ne va pas passer par des concessionnaires, on aura notre réseau de succursales en propre avec des recrutements en cours avec un objectif d'une cinquantaine dont 6 en France cette année et une douzaine en 2023 ». Le constructeur annonce travailler avec les plus grands équipementiers du marché pour les ADAS, la connectivité (ZF, Bosch...) pour une application de point de charge couplé à du paiement direct simplifié sur une seule app. La PME d'Angoulême Luxor Lightingpour a été mise à contribution pour l'éclairage embarqué ainsi que des designers européens Pininfarina (VF 8 et 9) et Torino Design (VF 6 et 7). « On a beaucoup de liens avec l'Europe pour proposer un véhicule qui répond à une demande très exigeante de nos clients européens qui connaissent l'expertise des fournisseurs nationaux », poursuit la porte-parole. L'entreprise propose par ailleurs son propre système de navigation embarquée mais indique cependant aussi mettre à disposition celui de Google. Une façon habile pour répondre aux craintes des clients d'être enfermée dans des systèmes 100 % asiatiques ?
La berline Han du constructeur chinois BYD veut en découdre avec Tesla sur le créneau du premium électrique en misant sur un tarif discount. (crédit : D.F.)
Hopium dans les vapeurs d'hydrogène
Le mondial de l'Auto est aussi l'occasion de croiser des sociétés qui ne manquent pas d'ambition. La start-up française Hopium est de celles-là. Misant sur l'hydrogène pour sa voiture dont la commercialisation est prévue pour fin 2025, la société compte sur les investissements des pouvoirs publics dans le parc de recharge et de stations pour donner un coup de clé à ce marché inexistant. A horizon 2030 un maillage d'un millier de stations est annoncé : est-ce vraiment suffisant malgré un plein annoncé en 3 secondes ? Hopium ne se sent en tout cas pas à contre courant et assume même son positionnement de pionnier ayant « une certaine idée du luxe à la française ». Convaincue de jouer le coup de l'étape d'après en se positionnant sur un crédo complémentaire de l'actuelle tendance dans l'électrique. « On a un grand écran qui représente notre idée de l'expérience utilisateur qui est avant tout une idée d'ergonomie différente pour ne pas avoir des mains sur l'écran mais uniquement des boutons à retour haptique », nous a expliqué un porte-parole d'Hopium. Le tarif du rêve ? A partir de 120 000 €, embarquant une technologie proche de celle d'une Toyota Mirai mais avec une puissance largement supérieure : 500 chevaux, 230 km/h et un 0 à 100 abattu en 5 secondes. Concernant le véhicule autonome, la problématique de normes et de standards ainsi que le manque d'homologations ne poussent pas la start-up à aller sur ce terrain et se positionne en matière de conduite autonome autour des niveaux 2-3. Concernant l'après-vente, le groupe indique être en réflexion sur le maillage de son réseau. « On discute avec tous les acteurs », nous a expliqué le porte-parole d'Hopium.
La start-up française Hopium a fait un beau coup de communication sur le salon de l'Auto 2022 : son modèle actuellement en pré-commande à partir de 120 000 euros n'est pas prévu avant fin 2025. (crédit : D.F.)
Le tour du salon en images
Des allées bien remplies ce mercredi 19 octobre 2022 au Mondial de l'Auto 2022... (crédit : D.F.)
mais parfois aussi bien vides... (crédit : D.F.)
La YoYo : un des rares modèles de véhicules autonomes mis en avant sur le salon auto 2022 parisien. (crédit : D.F.)
Que serait un salon mondial de l'auto sans de rutilants et puissants engins ? (crédit : D.F.)
La 9X8 doit succéder aux Peugeot 905 et 908, victorieuses aux 24 Heures du Mans respectivement en 1992 et 1993, et en 2009. (crédit : D.F.)
Le concept-car Renault Alpine Alpenglow dit au-revoir à la pile à combustible en utilisant de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau stocké dans deux réservoirs de chaque côté du cockpit. (crédit : D.F.)
Le concept car Manifesto de Dacia qui se la joue baroudeur hightech. (crédit : D.F.)
L’association étudiante ESTACA Moto Tech a réalisé ce véhicule hybride Gemini dotée d'un moteur à combustion couplé à une hybridation légère. Le full electric n'est pas encore partout pour demain... (crédit : D.F.)
J'ai du mal à comprendre :"Le concept-car Renault Alpine Alpenglow dit au-revoir à la pile à combustible en utilisant de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau stocké dans deux réservoirs de chaque côté du cockpit" L'eau stocké dans les reservoirs n'est pas une source d'energie. Pour en faire l'electrolyse , il faut de l'electricité qui est stocké où ?
Signaler un abusQuel est l'interet de faire l'electrolyse de l'eau pour produire de l'hydrogène qui en "brulant" va produire de l'eau . Pourquoi ne pas utiliser directement l'electricité sans passer par l'eau et l'hydrogène ?