En passant de Windows à LiMux, sa propre distribution Linux, la ville allemande de Munich a économisé à ce jour plus de 11 millions d'euros, comparés à ce que lui aurait coûtée une migration équivalente vers une infrastructure Microsoft plus récente. Le gouvernement de la ville avait calculé que la migration de Microsoft Windows 2000 vers Windows 7 et Office 2010 lui aurait coûté un peu plus de 34 millions d'euros au total. En migrant vers LiMux et en adoptant la suite de productivité OpenOffice.org, la ville a dépensé 22,8 millions d'euros. C'est ce qu'indique un document publié la semaine dernière qui donne le détail du coût de la migration de 11 000 utilisateurs vers des applications Open Source sous Linux. La ville avait également évalué à 29,9 millions d'euros le coût d'une migration vers Windows 7 et OpenOffice. Ces chiffres comprennent le coût des licences logicielles, les mises à jour matérielles, la formation, le support externe pour diriger la migration et les processus d'optimisation, entre autres choses.

Pas de mise à jour matérielle pour passer sous Linux

La migration vers LiMux a permis à la ville d'économiser 6,8 millions d'euros sur les licences logicielles si elle avait opté pour la solution Microsoft Office 2010 sous Windows 7, et elle a évité une dépense de 4,7 millions d'euros pour la mise à niveau de son matériel, « car LiMux fonctionne sur le matériel existant », comme le précise la municipalité de Munich dans son document. Si la ville avait opté pour OpenOffice sous Windows, elle aurait du dépenser 7,4 millions d'euros pour mettre à jour son matériel, pour les licences et la migration d'applications. Cependant, LiMux coûtait plus cher que Windows pour migrer un système de développement d'applications web utilisant des bases de données : 273 132 euros, soit près de cinq fois ce qu'aurait coûté la migration vers Windows dans les deux scénarios envisagés.

La ville de Munich a lancé son projet LiMux en 2004 et a commencé la migration de Windows NT vers une infrastructure de bureau entièrement Open Source en 2006. « Mais la plupart des PC passés sous LiMux dernièrement tournaient sous Windows 2000 », a précisé Joachim Schuler, coordinateur de la migration du projet LiMux. La ville a étendu les caractéristiques d'OpenOffice avec un outil développé en interne du nom de WollMux. Celui-ci permet d'ajouter des fonctionnalités à la suite Open Source, comme des modèles, des formulaires et des lettres types. La ville utilise le format ODF (OpenDocument Format) comme format d'échange standard pour ses documents. « L'an prochain, la municipalité envisage de migrer depuis la version d'OpenOffice 3.2.1, aujourd'hui obsolète, vers LibreOffice », a déclaré Joachim Schuler. Après le rachat par Oracle de Sun Microsystems qui gérait le projet OpenOffice.org, certains développeurs d'OpenOffice ont utilisé le code pour créer LibreOffice. Depuis, Oracle a cédé OpenOffice.org à la Fondation Apache.

Windows encore nécessaire sur certains PC

En janvier dernier, 15 000 postes de travail de la ville de Munich tournaient sous le navigateur Firefox, utilisaient le client de messagerie Thunderbird et la suite de productivité OpenOffice en remplacement d'Internet Explorer, Outlook et Office de Microsoft. La migration de l'OS sous-jacent prend un peu plus de temps. Il faut dire que, des 11 000 postes de travail pris en compte au moment du chiffrage, la ville est passée à 12 600 postes sous LiMux, et à la fin de l'année, elle prévoit d'avoir migré 13 000 des 15 500 postes de travail. Joachim Schuler espère que 14 000 systèmes LiMux tourneront sur les machines de la ville l'année prochaine. Mais, la municipalité ne pourra pas migrer certains programmes et elle va conserver quelques machines sous Windows. La plupart des machines actuellement sous Windows XP devraient toutefois passer sous Windows 7.

L'expérience de Munich contraste fortement avec celle de Fribourg, une autre ville allemande qui s'était aventurée sur la voie de l'Open Source. La semaine dernière, le conseil municipal de cette ville a décidé d'abandonner sa configuration, une version d'OpenOffice aujourd'hui obsolète, pour passer à Microsoft Office 2010. La ville de Fribourg se plaint des nombreux problèmes de compatibilité qu'elle a eu à résoudre et du manque de performance des tableurs et des outils de présentation de la suite Open Source, entravant le travail des employés. Au final, le conseil municipal se dit déçu et insatisfait de ce choix qui n'a pas répondu à ses attentes. « Ces raisons sont importantes. Pour nous, la seule option viable était de revenir à Microsoft Office », a déclaré le conseil municipal pour motiver son choix.

Certains partisans de l'Open source ont bien essayé d'influencer la décision du conseil de la ville de Fribourg en demandant de donner une chance à la solution. Ils ont proposé de mettre à jour les versions d'OpenOffice ou de passer à LibreOffice. Ils n'ont pas manqué aussi de mettre en avant le choix de Munich.