« L'open source est devenu un composant incontournable d'une stratégie informatique » a jugé Stéphane Rousseau, DSI groupe d'Eiffage et administrateur du Cigref, dans son introduction du dernier document de réflexion du Cigref. « L'open source, une alternative aux grands fournisseurs - franchir le pas de l'open source » est, comme tous les livres blancs du Cigref, issu des réflexions d'un groupe de travail, cette fois composé de plus de 80 représentants des entreprises membres du Cigref. Le préambule du document met directement les pieds dans le plat : en accompagnant les grandes entreprises dans leurs relations avec les fournisseurs pour « réussir le numérique », l'association de très grands comptes ne peut que constater que les objectifs de croissance irréalistes des éditeurs ne peut que pénaliser des entreprises aux budgets contraints. Surtout que beaucoup de logiciels n'ont plus de véritable valeur d'innovation, devenus de simples « commodités ».

La maîtrise du SI autant que le « levier de compétitivité » (c'est à dire de contention des coûts) associés à l'open-source sont les critères initiaux justifiant l'intérêt des entreprises. Le titre même, « L'open source, une alternative aux grands fournisseurs », pose clairement la raison d'être de cette réflexion, sept ans après le rapport « Maturité et gouvernance de l'Open Source » du même Cigref. Il est vrai que le Cigref commence à sérieusement s'énerver alors que son ton était jadis nettement plus diplomatique. En juillet 2017, le Cigref avait commencé par attaquer frontalement Oracle avant de viser plus large en juin 2018.

La document commence par rappeler les bases de ce qu'est un Logiciel Libre et comment fonctionne le modèle économique de ce type de logiciels. Il étudie ensuite les avantages et inconvénients de les choisir puis les risques spécifiques à prendre en compte. Le passage concret à leur adoption (acculturation, gouvernance...) et les modalités pour choisir les logiciels libres font ensuite l'objet de deux chapitres. Le texte est non seulement très structuré, il est aussi synthétique et pragmatique. Des témoignages de participants au groupe de travail sont aussi insérés pour illustrer la plupart des points. Synthétisant l'ensemble, la conclusion annonce la suite des travaux : identifier les solutions métiers (couche applicative) pouvant servir les entreprises, les couches d'infrastructures étant largement déjà en mode open source.