L’open source n’est pas gratuit, l’adage est connu, mais il faut souvent le rappeler. Les éditeurs proposent ainsi souvent des versions libres de leurs solutions, mais en parallèle commercialisent du support ou des déclinaisons éprouvées et stables. Certaines entreprises n’hésitent cependant pas à dévoyer l’esprit de l’open source comme le rapporte l’histoire récemment partagée dans un blog par le co-fondateur de Vates, Olivier Lambert. L’entreprise française a lancée en 2018 son hyperviseur XCP-ng, un fork open source de XenCenter. Depuis, il commercialise une offre packagée (plateforme Xen Orchestra, hyperviseur XCP-ng, support et accompagnement associés) en se positionnant ainsi comme une alternative open source à VMware.

L’éditeur évoque le cas d’une entreprise semi-publique dans le domaine de l’aérospatiale (gérant une flotte de satellite) et affichant un chiffre d’affaires de 130 M$. Elle comprend 4 000 machines virtuelles et sa pile informatique fonctionne sur les logiciels de Vates en particulier l’appliance Xen Orchestra. Il s’agit d’« une machine virtuelle clé en main, avec Xen Orchestra préinstallé, régulièrement testée, facile à déployer et à mettre à jour ». Cette appliance est commercialisée, mais l’entreprise a trouvé une astuce pour ne pas payer.

Abuser des essais gratuits avec différents emails

En effet, elle a abusé des essais gratuits de 30 jours sur le service depuis 2015. « Au début, ils utilisaient leurs emails professionnels pour demander des essais. Un par-ci, un par-là. Rien de suspect. Mais au fil des années, la tendance s'est amplifiée. Plus d'emails. Plus d'essais », rapporte le dirigeant de Vates. Ce dernier souligne avec humour qu’il avait l’annuaire entier de l’entreprise. « Nous sommes presque sûrs que même le concierge avait souscrit à un essai à un moment donné », explique avec malice l’éditeur. Puis, la société a continué avec des adresses de courriels personnelles (outlook ou gmail) en les déclinant johndoe1@gmail (pour atteindre johndoe60 au dernier comptage). Vates constate en plus que les personnes renseignent le champ entreprise avec le vrai nom de la société à chaque fois. « Ils étaient vraiment déterminés à ne pas payer », observe le spécialiste de la virtualisation.

Vates a comptabilisé les différents courriels enregistrés pour obtenir des essais gratuits. (Crédit Photo: Vates)

Au bout d’un moment, Vates a estimé que la société en question a clairement violé le « contrat moral » tacite de l’open source. Alertée, elle s’est « vaguement » excusée et a affirmé qu’elle allait se servir de la version open source. L’éditeur a essayé de les faire basculer vers du support professionnel (payant), mais il a reçu une fin de non-recevoir même en proposant une remise sur volume. Malgré cet avertissement, l’entreprise de l’aérospatial a continué à abuser des essais gratuits avec la même méthode de courriels personnels. Vates déclare ne pas vouloir perdre des jours à les relancer, mais la conséquence de tels comportements sera probablement l’introduction « de limites plus intelligentes pour empêcher ce genre d’abus d’essais ». L’éditeur termine son message par une phrase à l’attention de la société en question : « Vous maîtrisez la science des fusées. Maintenant, essayez l'éthique ».