Un tournant s’opère dans la Silicon Valley. Les sièges sociaux de grands acteurs technologiques quittent la Californie pour le Texas ou pour d’autres états. Oracle, l’un des fournisseurs emblématiques de l’état, est le dernier en date à le révéler. Installée depuis 1989 dans ses immeubles de Redwood Shores, sur l'une des implantations les plus remarquées de la baie de San Francisco (dont la forme des tours symbolise des bases de données), la société fondée par Larry Ellison en 1977 a annoncé qu’elle allait transférer son siège à Austin (Texas). Au début du mois, c’est Hewlett-Packard Enterprise, autre représentant majeur de la tech californienne, qui informait qu’il allait implanter son siège à Houston, tout en gardant ses locaux de San José et en consolidant sa présence sur place en un seul lieu. L’histoire des fondateurs de l’entreprise, Bill Hewlett et Dave Packard, qui ont créé leur activité dans un garage en 1939 à Palo Alto, fait partie des aventures historiques des débuts de l’informatique. Antonio Neri, CEO de HPE, a précisé que le hub d'innovation de la société restait dans la Silicon Valley, notamment pour Aruba. « Maintenant, pour les emplois non-techniques, nous avons décidé de déplacer le siège social au Texas où l’on a accès à des talents diversifiés avec la capacité de les attirer et de les retenir », a-t-il précisé.

Ces deux grands noms ne sont pas les seuls à déserter la Silicon Valley. L’éditeur de solutions analytiques Palantir et le fournisseur d’outils de cybersécurité Tanium déménagent quant à eux leur siège à Denver (Colorado) et à Kirkland, dans la région de Seattle (état de Washington), respectivement. Sans oublier la décision d’Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX, qui a confié la semaine dernière partir lui aussi pour le Texas, tout en conservant néanmoins ses opérations les plus importantes en Californie. Larry Ellison, fondateur d’Oracle, est au conseil d’administration de Tesla.

Réorganisation du travail, taxes et coût de la vie élevés

La réorganisation du travail entraînée par la pandémie semble avoir pesé dans ce mouvement, ou peut-être a-t-elle servi de prétexte pour quitter un état où les taxes et le coût de la vie sont élevés et où les trajets domicile/bureau peuvent dans certains cas s’avérer difficiles (embouteillages réguliers sur la 101 et la 280). Oracle dit vouloir mettre en oeuvre une politique de lieu de travail plus flexible pour ses effectifs. « Beaucoup de nos employés peuvent choisir l’emplacement de leur bureau et continuer à travailler à domicile à temps partiel ou complet », a déclaré l’entreprise dans un document réglementaire officiel, rapporte l’agence de presse BloombergOracle va néanmoins conserver son siège social et ses autres bureaux à Santa Monica en Californie, de même que ceux situés à Seattle, Denver, Orlando, Florida et Burlington dans le Massachussetts, selon le document. L’entreprise compte un effectif de 135 000 personnes au niveau mondial. L'an dernier, Oracle avait déjà prévu de déplacer à Las Vegas l'organisation de sa grande conférence annuelle Open World, rendez-vous traditionnel de l'automne à San Francisco. L'événement a finalement été virtualisé. 

Ces entreprises ne sont pas les seules à redéfinir leur politique de collaboration de leurs effectifs, réorganisée entre travail au bureau et télétravail. La pratique était déjà répandue dans le secteur, nombre de start-ups disposant d’équipes réparties en différents états ou pays. En octobre, Microsoft a informé ses employés qu’il leur laisserait davantage de flexibilité pour travailler à distance, même après un rétablissement de la situation sanitaire.