D'après une enquête menée par Markets and Markets aux Etats-Unis, le marché mondial des smart cities devrait passer de 312 milliards de dollars en 2015 à 757 milliards en 2020. Pour Orange Business Services (OBS), pas question de passer à côté de cet appétissant gateau. Et bien que pour l'heure l'opérateur préfère garder secret son chiffre d'affaires dans ce domaine tout comme ses prévisions de revenus pour les années à venir, la dynamique de son activité IoT bat son plein. Notamment à l'étranger où de juteux contrats viennent d'être signés. Au Moyen-Orient en particulier un de plusieurs millions d'euros a ainsi été conclu avec l'opérateur de services managés Meeza pour fournir des applications et services en matière d’équipements et de mobiliers urbains connectés dans le quartier historique de Doha, Mshreireb Downtown.

OBS est également engagé dans des projets en Arabie Saoudite mais aussi en Asie et en Amérique Latine. Une région du monde où est d'ailleurs bien présent un certain IBM via son partenariat smart city conclut avec la ville de Rio dans le cadre des derniers JO 2016. En Inde, OBS a accompagné l’état de Gujarat dans son plan de numérisation, pour rafraîchir, moderniser et gérer son réseau étendu. Le Gujarat State Wide Area Network est une infrastructure de communication avancée pour l'échange de données vocales, vidéo et numériques entre les ministères et les bureaux du gouvernement de l'état. Si les contrats IoT et smart cities signés par OBS sont moins nombreux qu'en France, les montants sont encore à l'heure actuelle bien plus élevés. Mais cela pourrait bien ne pas durer car le vent de l'IoT est bel et bien en train de souffler dans les villes et campagnes françaises.

IoT, cloud, 5G et apprentissage machine : un cocktail explosif

L'activité IoT d'OBS s'articule autour de quatre piliers, à savoir la gestion intégrée des territoires (avec actuellement des réponses à des grands appels d’offres pour la ville de Dijon et la métropole du Grand Paris), la gestion des données (avec la solution Flux Vision utilisée notamment par la compagnie du Mont-Blanc pour compiler et analyser 4 millions de données techniques mobiles de la clientèle touristique afin de mieux la comprendre et améliorer ses dispositifs d'accueil). Autre pan d'activité : celui consistant à connecter les mobiliers urbains ou encore les poubelles pour permettre aux collectivités d'optimiser les tournées des camions-bennes en fonction de leur taux de remplissage et dégager des économies de fonctionnement.

L'activité smart cities d'OBS est donc loin d'être une vue de l'esprit pour l'opérateur, bien que la filiale ne souhaite, pour l'instant, pas s'exprimer sur le budget consacré. Sans doute car le business est naissant, mais aussi parce qu'il est peut être difficile à cerner dans la pratique, ce dernier étant en réalité à la croisée des chemins d'autres activités associant réseaux mobiles et fixes, cloud computing ou encore apprentissage machine. « Toutes ces disciplines s'enrichissent les unes aux autres », a expliqué Thierry Bonhomme, directeur général adjoint d'OBS à l'occasion d'une conférence de presse mardi matin. « Il y aura toujours des datacenters mais on va avoir une descente des capacités de stockage et de puissance de calcul vers les capteurs ». Du côté des réseaux, la 5G est présentée - mais comment cela aurait-il pu en être autrement - comme une révolution en termes de latence et de capacité dont pourront sans surprise tirer partie les projets smart cities. Sans oublier les réseaux IoT basse consommation avec LoRa, porté par Orange au travers de la LoRa Alliance au même titre que Bouygues Telecom également mais également Sigfox. « On est très fiers du développement de Sigfox. On l'utilise dans un de nos services de gestion de flottes via notre filiale Ocean », a fait savoir Thierry Bonhomme. « Le choix de Lora est très circonscrit à l'évolution de nos technologies mobiles et répond à un usage particulier sur des capteurs, mais nous n'excluons aucune technologie".

Thierry Bonhomme

Thierry Bonhomme, directeur général adjoint d'Orange Business Services a détaillé la stratégie du groupe en matière de smart cities lors d'une conférence de presse mardi 21 février 2017. (crédit : Dominique Filippone)

Partenaire des villes et de leurs partenaires

Afin de permettre un maillage du territoire, OBS s'appuie sur les 31 directions régionales d'Orange pour apporter la meilleure proximité possible avec ses clients sur le terrain et faciliter les démarches. Parmi les autres projets dans lesquels l'opérateur est impliqué, on citera aussi l'écoquartier Smartseille. La filiale d'Orange est également bien impliquée dans les projets de stades connectés avec des exemples à Lyon, Toulouse et Marseille et qui permet à l'opérateur de greffer naturellement à son offre IoT, ses capteurs WiFi haute densité. Tout comme dans les transports urbains avec en particulier un accord signé avec le groupe de services Keolis.

Parmi les autres initiatives à souligner, on retiendra également l'application ma ville dans ma poche, utilisée à Perpignan et à Nantes où plus de 70 000 téléchargements ont été effectués depuis sa mise à disposition en mai 2015. Cette application permet aux nantais d'accéder à tout un éventail de services (info trafic temps réel, horaires et séances de cinéma...) et de signaler également des problèmes sur la voirie et/ou du mobilier urbain défectueux. A ce jour, plus de 1 000 signalements ont été ainsi effectués. Le département de l'Orme a également un projet d'écosystèmes et de relations citoyennes connectés. OBS n'opère pas toujours seul pour accompagner les villes dans leur projets IoT, l'opérateur mettant un point d'honneur à mettre en avant sa capacité d'adaptation aux besoins et au contexte client. Par exemple dans le cas d'une ville souhaitant travailler avec des partenaires technologiques locaux (hébergeurs, éditeurs, start-ups...) ou encore en travaillant main dans la main avec d'autres acteurs comme c'est le cas avec le projet de ville connectée en appel d'offre à Dijon où OBS travaille avec Eiffage Energie, Satelec et Antelia. « Les villes viennent souvent avec le besoin de valoriser leurs partenaires locaux », a indiqué Delphine Woussen, directrice smart territories d'Orange Business Services. « Nous avons un rôle de chef d'orchestre dans les projets IoT des villes et d'assurer les responsabilités de co-traitant et de sous-traitant ».

Des infrastructures dédiées pour smart cities

Des moyens et infrastructures dédiés pour les projets smart cities de ses clients sont par ailleurs mis en oeuvre par OBS, à savoir Malima et Datavenue. « Nous avons développé deux plateformes ouvertes et associées à notre métier d'opérateur pour de la gestion intelligente et prédictive des objets à cartes SIM embarquées compatibles embedded SIM ainsi que Datavenue au travers de serveurs flexibles et scalables, des couches logicielles et de la collecte de données pour faire face à Amazon Redshift et Microsoft », a expliqué Thierry Bonhomme. Sachant que Datavenue propose aussi un ensemble de solutions de traçabilité, de contrôle d'intégrité et de maintenance prédictive.