Safra Catz, co-CEO d'Oracle, et Sundar Pichai, CEO de Google, se sont réunis pendant six heures vendredi dernier sans parvenir à un accord pour mettre fin à la plainte pour violation de droit d’auteur déposée par Oracle. « La médiation ayant échoué, la cour considère que le litige devra être jugé. Il semble que l’affaire a besoin d’être jugée une seconde fois », a noté dans son compte-rendu à la cour le juge magistrat Paul Singh Grewal, qui a assisté les pourparlers. Oracle accuse Google d’utiliser illégalement un élément-clé de la plate-forme Java dans son système d'exploitation Android. Il estime que, grâce à Android, Google gagne des milliards de dollars, et que ce système d'exploitation mobile a entravé le succès de Java sur le marché des smartphones, des tablettes et autres produits. Google nie toute malversation. Le géant de la recherche fait valoir que les composants Java utilisés dans Android sont couverts par le principe d’« usage équitable » ou « fair use », lequel autorise la copie dans certaines circonstances. Les deux parties étaient déjà passées devant un tribunal pour régler la question du « fair use », mais le jury n'avait pas réussi à trancher. Un nouveau procès devrait démarrer le mois prochain.

Oracle estime ses dommages à 8,8 milliards de dollars

Dans sa plaidoirie, Oracle va essayer de convaincre le jury du bien-fondé de sa demande de dommages-intérêts estimés par l’éditeur à 8,8 milliards de dollars. Selon Oracle, ce montant est basé sur les bénéfices réalisés par Google grâce aux composants Java présents dans Android, majoritairement avec la vente de publicités associées à des recherches sur mobile. Google fait tout ce qui est possible pour obtenir une réévaluation des dommages avant que l'affaire ne passe au tribunal. Jeudi dernier, les avocats des deux parties ont présenté au juge de première instance William Alsup, les arguments qu’ils comptaient exposer au jury. À l'issue de l'audience, ce dernier a rappelé aux avocats les risques pris par les deux entreprises en portant l’affaire devant un tribunal. « À la fin du procès, l'un de vous passera cette porte avec son client, en lui expliquant pourquoi il a perdu », a déclaré William Alsup, en désignant la sortie de la salle d'audience située au 19e étage du Palais de justice fédéral de San Francisco. « Voilà ce qui vous attend », a-t-il ajouté. « Un appel est toujours possible. Néanmoins, à l’issue du procès, l’un de vous devra réconforter le perdant. C'est un moment difficile pour un avocat », a-t-il ajouté.

La médiation entre Oracle et Google a été compliquée à organiser. « Même si elle n’a pas abouti, le tribunal apprécie les efforts accomplis aujourd'hui par les deux parties, en particulier ceux de Mme Catz et M. Pichai », a écrit le magistrat. Aucune autre rencontre entre Sundar Pichai de Google et Safra Catz d’Oracle n’a été prévue à l’issue de l’entrevue.