Face à un Google conquérant doté d'un modèle basé sur du pur client léger SaaS, Microsoft persiste, signe et approfondit son sillon pour ne pas dire sa vision et sa croyance dans les clients lourds connectés. Après le S+S (software and services), voici donc l'heure du D&S (devices and services). Cette philosophie du D&S va irriguer la totalité des lancements de nouveaux produits de l'éditeur de Redmond dans les mois qui viennent.

Selon Nicolas Petit (en photo), le directeur marketing et opérations de Microsoft France, cette série de de lancements va être la plus importante depuis 1995. La totalité de la gamme de l'éditeur va être renouvelée sur environ un an, en commençant par Windows et Office le 26 octobre 2012.

Le D&S se résume simplement : quel que soit le terminal employé à un instant donné (tablette, PC, télévision avec Xbox, smartphone...), l'utilisateur est sur son bureau habituel avec ses données stockées dans un cloud et synchronisées entre tous les terminaux. L'ergonomie va laisser une large place au tactile et au sans contact, même si la souris n'est pas (encore) bannie. Le plus impressionnant à ce sujet étant côté grand public avec le pilotage de la Xbox à la voix ou le changement de chaînes en bougeant les mains devant un capteur Kinect. Mais ce dernier est clairement disponible pour des applications professionnelles. Quatre thèmes sont mis en avant par l'éditeur : le cloud, les données, les terminaux et l'ergonomie tactile. « Une seule chose ne change pas : la place centrale du logiciel » a martelé Nicolas Petit lors de la présentation de la stratégie D&S à la presse mardi 18 septembre 2012.

La tête dans les nuages...

Trois partis pris sont revendiqués par Microsoft. Le premier est baptisé « OS cloud ». Il se décline autour de la gamme Windows : Windows 8, Windows Phone 8, Windows Server 2012 et Windows Azure (le IaaS de Microsoft). Le deuxième est l'« AppsCloud ». Si les développeurs respectent les consignes de Microsoft, le principe sera pour toutes les applications (à commencer par Office) de stocker les données dans le cloud avant de les « descendre » sur le terminal employé à un instant t par un utilisateur. Windows et Office seront ainsi intiment connectés au stockage dans le cloud de l'éditeur, Skydrive. La version de base du service reste gratuite avec 2 Go de stockage, une extension payante étant possible, notamment en lien avec l'achat d'un pack Office.

Le dernier, enfin, est ergonomique et technologique. Quelque soit le terminal employé (PC, TV connectée, smartphone...), l'interface sera commune (avec sauvegarde/synchronisation des préférences utilisateurs, également cloudifiées). Les applicatifs seront également développés dans une logique unique avec un outil commun : Visual Studio 2012, avec ses trois langages C#, C++ et HTML 5.

Windows Server 2012 et l'hyperviseur Hyper-V 3.0 subiront également le passage au mode cloud en étant capable de soutenir sur un seul cluster 8 000 machines virtuelles. L'IaaS Azure, les produits de back-office comme SQL Server et Sharepoint et l'ensemble des autres produits sont également concernés, bien entendu. Les différents produits seront largement intégrés comme le PIM Outlook avec la VoIP Skype ou la bureautique Office avec Skydrive, la prise de notes manuscrites dans OneNote étant toujours d'actualité, surtout sur les tablettes. Excel permettra aussi de traiter des éléments issus du cloud ou des réseaux sociaux pour les retraiter en devenant un outil décisionnel des plus impressionnants.


...et la sécurité bien sur Terre

Microsoft proposera sa gamme en lien avec son cloud. Ces serveurs de cette plate-forme sont certifiés ISO 27000 et respectent les clauses contractuelles suggérés (fermement) par la Commission Européenne. Il n'en demeure pas mois que, même si les datacenters peuvent être situés en Europe, le Patriot Act peut effrayer les entreprises non-américaines. Microsoft proposera donc ses logiciels dans des offres de partenaires français, à commencer par Bouygues Telecoms Entreprises. Enfin, Nicolas Petit a garanti, sur sollicitation insistante, que les entreprises pourront déployer les mêmes services en installant du Windows Server 2012 sur leurs propres infrastructures.

Que ce soit pour le grand public (avec des services comme la messagerie Outlook.com et un pack Office familial) ou l'entreprise, Microsoft semble en effet vouloir prioritairement faire adopter son propre cloud et le modèle locatif au lieu de la vente de licence. Cette tentative concernait jusqu'à présent surtout les grands comptes avec la Software Assurance.

Le mode locatif garantit des rentrées d'argent régulières pour l'éditeur et impose de fait les mises à jour. Or les anciens logiciels largement amortis, comme Windows XP, restent souvent en place dans les entreprises. Le mode locatif répartissant le coût de la licence sur environ trois ans pourrait donc se révéler, sur le strict plan du coût, une bien mauvaise affaire pour les entreprises comme pour les particuliers. L'éditeur a cependant confirmé, sur sollicitation, que des versions licences classiques continueraient d'être vendues. Charge aux décideurs ou aux acheteurs de comparer les coûts totaux de possession et les avantages offerts par chaque offre.