L'Afrique est loin d'être un continent imperméable au cybercrime. La dernière opération menée par Interpol avec Afripol et l'appui de plusieurs organismes privés (Group-IB, Uppsala Security, Trend Micro, Kaspersky et Coinbase) a débouché sur l'arrestation de 14 personnes suspectées d'être des cybercriminels. Baptisée Africa Cyber Surge II, cette action coordonnée, débutée en avril 2023, s'est centrée sur l'identification d'infrastructures compromises et malveillantes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la pêche a été bonne : en effet, pas moins de 20 674 réseaux suspicieux ont été révélés incluant 14 134 IP de victimes liées à des affaires de vol de données, 3 786 serveurs de commande et de contrôle illicites, 1 415 liens et domaines de phishing, 939 IP frauduleuses et plus de 400 IP, URL ou encore botnets liés à des activités cybercriminelles.

« Au Cameroun, sur la base d'un renseignement fourni par la Côte d'Ivoire, trois suspects ont été arrêtés dans le cadre d'une escroquerie en ligne portant sur la vente frauduleuse d'œuvres d'art d'une valeur de 850 000 US $. Les autorités nigérianes ont arrêté un suspect accusé d'avoir escroqué une victime gambienne. La police mauricienne a arrêté deux mules liées à des escroqueries initiées par l'intermédiaire de plateformes de messagerie. En Gambie, des mesures proactives et des partenariats solides ont permis de supprimer 185 protocoles internet liés à des activités malveillantes. Deux sites du darknet ont été fermés à la suite d'actions menées par les autorités camerounaises. Au Kenya, les autorités ont mis hors d'état de nuire 615 hébergeurs de logiciels malveillants », a indiqué Interpol.

Un soutien efficace de l'international et du secteur privé

L'opération Africa Cyber Surge II, qui a été précédée d'un exercice de simulation d'une semaine en Tanzanie basé sur les enquêtes relatives à la cybercriminalité et aux crypto-monnaies, a bénéficié des soutiens financiers du Foreign Commonwealth and Development Office du Royaume-Uni, du ministère fédéral allemand des affaires étrangères et du Conseil de l'Europe. À l'occasion de cette action, 150 rapports d'analyse d'Interpol contenant des renseignements et des informations sur les cybermenaces ciblant certains pays ont été distribués à la vingtaine de pays participants pour mener des enquêtes et mener des actions sur le terrain des opérations. « En s'appuyant sur les informations exploitables du secteur privé, elle a souligné que la cybersécurité est plus efficace lorsque les services répressifs internationaux, les autorités nationales et les partenaires du secteur privé coopèrent pour partager les meilleures pratiques et lutter de manière proactive contre la cybercriminalité », explique Interpol.