Le conseil d'administration de HP a finalement décidé de se passer des services de Carly Fiorina. La PDG du groupe depuis six ans, a officiellement démissionné le mercredi 9 février 2005 au matin, un terme qui cache en fait un limogeage en bonne et due forme.
Le conseil d'administration - qui se déclare officiellement en quête d'un nouveau PDG pour le groupe - a nommé Robert Wayman, actuel directeur financier et salarié de HP depuis 36 ans, au poste de PDG par intérim et Patricia Dunn à celui de présidente non exécutive du conseil.
S'exprimant lors d'une conférence de presse, Dunn et Wayman ont expliqué que le conseil avait demandé sa démission à Fiorina du fait de son échec à appliquer la stratégie définie par le groupe. Fiorina est notamment jugée coupable d'avoir laissé HP se faire distancer par ses concurrents sur le marché des serveurs d'entreprises et du stockage. Dans un communiqué étonnamment transparent en la circonstance, le groupe étale ses conflits au grand jour, Carly Fiorina expliquant avoir "des divergences de vues sur la manière de mettre en oeuvre la stratégie de HP".
Fin janvier, le "Wall Street Journal" spéculait sur la possibilité de voir le champ des responsabilités de Carly Fiorina réduit, des voix s'élevant pour critiquer une omniprésence qui pénaliserait la réactivité de l'entreprise.
De fait, HP n'a jamais réussi à s'installer comme numéro un mondial durable sur les segments sur lesquels il opère, nonobstant les systèmes d'impression, l'un de ses coeurs historiques.

Pour Wayman, HP a pris du retard sur ses grands concurrents sur des marchés clés comme celui des serveurs d'entreprises et du stockage. Les dirigeants de ces activités, limogés au 4e trimestre 2004, ont selon la société laissé HP prendre du retard sur ses concurrents, tant en termes de technologie que de roadmap. Ex-fleuron de Compaq, l'activité stockage n'est plus que l'ombre d'elle-même tandis que l'activité serveurs est confrontée à une difficile migration vers l'Itanium.
Sous l'ère Fiorina, HP a aussi échoué dans ses ambitions de devenir une société de services et de conseil à l'image d'IBM. En 2000 et 2001, l'ex-PDG d'HP a manqué quasiment coup sur coup Comdisco, le spécialiste de la continuité de service racheté par Sungard, et la branche conseil de PriceWaterhouseCooper, finalement acquise par IBM en 2002.
De la même manière, la fusion avec Compaq - qui demeurera certainement l'opération majeure de l'ère Fiorina - se sera faite dans la douleur. Nombre d'actionnaires du groupe y étaient opposés dès le départ et l'intégration a tout juste permis de faire illusion six mois face à Dell sur le marché des PC. L'émergence récente du Chinois Lenovo - désormais maître des PC d'IBM - rend encore ce choix plus incertain.
Si HP peut compter sur son point fort historique, l'impression, il lui faut désormais tenter de reconquérir le marché des entreprises. Par ailleurs, il lui faut assurer son avenir sur le secteur des PC, ce qui semble devoir être la finalité de la fusion, mi-janvier 2005, des divisions imprimantes et PC, sous une seule entité baptisée HP Imaging and Personal Systems Group.
Visiblement trop tard pour Carly Fiorina.