Au côté du centre de cancérologie Gustave Roussy, l'éditeur français Resilience développe une application de surveillance des patients à distance, avec l'objectif de collecter des données médicales pour constituer un entrepôt de données de santé. Autorisé par la CNIL et hébergé en France par OVHcloud, ce datawarehouse rassemblera des données pseudonymisées sur l’efficacité et les toxicités des traitements en routine clinique afin de mieux analyser l'évolution de l'état de santé des patients atteints d'un cancer.

Resilience a été co-fondé en février 2021 par deux entrepreneurs de la tech, Céline Lazorthes et Jonathan Benhamou. La première est à l’origine de la fintech Leetchi et de MangoPay, le deuxième a co-fondé PeopleDoc. Après avoir levé 5 M€ pour l'amorçage de Resilience, ils ont bouclé en janvier un tour de table de 40 millions d'euros. La société est soutenue par des fonds d’investissement comme Cathay Innovation (actionnaire majoritaire), Singular, Exor, Picus Capital, Seaya Ventures, Vivalto Ventures, Ramsay Santé, MACSF et Fondation Santé Service. Sur le plan médical, elle s’appuie sur un comité scientifique et éthique d'oncologues

Une application mobile compagnon

La première version de l'app mobile Resilience Care, disponible depuis janvier sur iOS et Android, propose principalement des contenus d’information thérapeutique. Sur les 3 000 personnes qui l'ont téléchargée, un millier d'entre elles l'utilisent dans le cadre d'un déploiement encadré par le centre d'oncologie où elles sont suivies. En acceptant de faire remonter les réactions liées à leur traitement à travers un questionnaire hebdomadaire, elles vont participer à la constitution du datawarehouse. « L’idée, c’est de collecter les données et de les croiser pour pouvoir personnaliser les décisions thérapeutiques et les techniques de soin », nous a expliqué Arnaud Ollier, bras droit de Céline Lazorthes. Le projet prend appui sur l'étude Capri - Cancérologie Parcours de soins Région Île-de-France - conduite entre 2016 et 2019 par Gustave Roussy sur 609 patients pour évaluer les bénéfices d’une télésurveillance numérique des patients comparée au suivi classique. Les résultats, publiés dans la revue Nature, montrent une baisse des effets secondaires sévères, une réduction des hospitalisations et de leur durée.

La R&D de Résilience développe en ce moment les algorithmes qui seront progressivement mis en place pour contribuer à améliorer la qualité de vie des patients, allonger leur espérance de vie et détecter, le cas échéant, des signes précoces de rechute. Cette équipe technique représente la moitié de l’effectif de la société qui compte actuellement 65 personnes. En octobre dernier, Resilience a acquis l’éditeur français Betterise et récupéré ainsi des logiciels de surveillance médicale ayant obtenu le marquage CE de classe IIa. L’éditeur s’attelle maintenant à étendre le nombre de centres de lutte contre le cancer qui vont déployer son application mobile auprès de leurs patients. La CNIL a donné son autorisation pour que les données médicales puissent être conservées pendant 15 ans à partir de leur collecte. En dehors de Gustave Roussy, Resilience a déjà déployé ses solutions au Centre Hospitalier (CH) Côte Basque, au CH de Valenciennes, au centre de cancérologie Les Dentellières à Valenciennes (Elsan) et au CHU de Bordeaux.